Nekokappa
de Imiri Sakabashira

critiqué par Oguz77, le 2 février 2010
( - 46 ans)


La note:  étoiles
Délire onirique sauce aigre-douce
Les aventures d'une créature bipède, assez semblable à un chat, errant ça et là entre usines, marchés et restaurants, rencontrant monstres et créatures mythiques au gré de son parcours.

Un OVNI dans le monde du manga. Oscillant entre Jérome Bosch et André Breton, Imiri Sakabashira nous donne à lire une œuvre plus que déstabilisante. Délirant, onirique, surréaliste. C'est avant tout une autre culture qui se dessine entre les pages, et malgré cela, force est de reconnaître que le rêve est universel. Car il n'est rien moins question que de naviguer dans les antres du sommeil paradoxal japonais avec ce Nekokappa ; et notre schéma onirique occidental s'y retrouve bel et bien (si tant est qu'on puisse s'y retrouver dans ce délire total). Entre temporalité coulante (telle l'horloge de Dali) et monstres difformes et soumis aux mutations capricieuses de l'esprit de l'auteur, nous assistons aux rêves éveillés d'un Japonais qui, il faut le reconnaître n'a pas le sommeil tranquille. Cette lecture en rebutera plus d'un mais elle a pour elle cette puissance évocatrice (et oui je me répète celle du rêve) qu'on ne peut lui retirer.
Ce n'est pas personnellement le type de dessin qui me plait immédiatement mais accordé une certaine forme de sympathie à l'auteur, la lecture se fait d'abord étonnement, puis curiosité même si je dois reconnaître qu'elle n'a jamais été vraiment plaisir. Car voilà, Nekokappa n'est pas de ces œuvres faciles, à la jouissance esthétique immédiate et sans détour. Non, non, c'est un peu torturé et torturant, et faute de prendre du plaisir, je fus du moins subjugué par ce qu'il convient d'appeler une rencontre du troisième type, à la fois avec l'Orient et avec le monde de la bande dessinée qui se trouve ici d'autres horizons que ceux que je lui connaissais.
A ceux, donc, qui veulent tenter l'immersion dans l'inconscient Japonais et l'universelle dimension de la réalité inconsciente qui peuple (hante ?) nos nuits, je conseille vivement la lecture de ce Nekokappa. Pour tous les autres amateurs de couleurs chatoyantes, de scénarios bien ficelés et clairement lisibles, de dessin aux lignes épurés, les amateurs de BD franco-belges (et oui ! attention au sens de lecture, c'est un Manga, déjà que c'est compliqué dans le bon sens...), passez votre chemin, car vous pourriez vous y perdre une fois pour toutes.