Les fils d'octobre
de Nikolaj Maslov

critiqué par CC.RIDER, le 29 janvier 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
La Sibérie en noir et blanc
Un jeune homme retrouve le village de Sibérie où il a passé son enfance dans un état d'abandon et de dégradation inquiétant. Il prend quelques photos et la milice le prend pour un espion. Deux amis doivent prendre un avion qui a du retard. L'un deux boit tellement qu'il faut le placer en cellule de dégrisement avant de partir. Un garçon revient au village pour revoir une dernière fois sa mère qui est sur le point de mourir. En chemin, il rencontre d'anciens amis qui l'invitent à boire un coup, puis deux. Trop ivre, il couche sur place et remet ça le lendemain, sous prétexte d'anniversaire, puis de rinçage pour effacer la cuite. Tant et si bien que quand il arrive enfin chez sa mère, celle-ci est déjà morte...
Une série de toutes petites histoires simples sur la vie quotidienne des russes de Sibérie en proie à un terrible fléau : l'alcoolisme. Peu de mots, beaucoup d'images. Un grand sens du raccourci et du récit court qui suggère plus qu'il ne décrit. Un dessin parfois un peu naïf ou enfantin qui touche souvent au sublime dans le dépouillement quand il représente des paysages. Une BD émouvante, toute en noir et blanc. Blanche comme la neige, noire comme les esprits embrumés par la vodka !
la russie "soviétique" 5 étoiles

Après l'étonnant "jeunesse sovétique", Nikolaï Maslov nous livre ici huit nouvelles, qui, pour la plupart, se déroulent dans la campagne Russe. Ceci permet à l'auteur de nous offrir de superbes paysages en noir et blanc. Encore une fois, Maslov illustre les deux gangrènes qui ravagent la Russie contemporaine : la Vodka et les conséquences de la guerre d'Afghanistan, véritable fil rouge de cette bd. Sans oublier la présence de l'éternelle police politique à travers, notamment, la première nouvelle. Certaines m'ont vraiment touché ("La barine de la forêt", "Ils ont anéanti l'ennemi", ou encore "La fille"), d'autres sont très - voire trop - prévisibles ("Un fils","Le départ de mon pote"). Il est dommage que Maslov ne mette pas son talent de dessinateur au service d'un scénario plus riche (comme je l'avais écrit pour son précédent album, il manque un "déclic" pour que ses albums sortent du lot). A lire tout de même pour les amoureux, comme moi, de Dostoïevski, de Tolstoï, bref de la Russie d'antan, qui n'en a pas fini avec ses vieux démons.

Hervé28 - Chartres - 54 ans - 6 septembre 2011