La femme accident, tome 2
de Denis Lapière (Scénario), Olivier Grenson (Dessin)

critiqué par Shelton, le 20 janvier 2010
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Très grande classe... cette Julie !
Je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais du premier volet de cette histoire en bédé, « La femme accident » d’Olivier Grenson (dessinateur) et Denis Lapière (scénariste)… mais je n’étais pas encore sous le coup de l’émotion que déclencha la lecture de la seconde partie qui est, tout simplement, grandiose…

L’histoire de Julie se complique au fur et à mesure. Elle fait la connaissance d’un riche homme d’affaires, Armand Erlinger, alors qu’elle était devenue barmaid sur un paquebot pour personnes âgées à l’abri des besoins financiers. Cette rencontre bouleverse sa vie sans pour autant lui donner un sens. Julie ne sait toujours pas ce qui pourrait lui faire plaisir…

Julie est-elle condamnée à souffrir toute sa vie ? C’est ce que le lecteur commence à se dire quand il la voit revenir à Charleroi, à revenir dans sa famille, à replonger dans une vie où la violence semble être le sentiment le mieux partagé…

Pourtant, les auteurs nous manipulent avec un talent hors normes. Nous ne savons pas quel est le crime qui a conduit Julie devant ce jury populaire… Nous voyons le drame se mettre en place, les tensions s’épaissir, les personnages s’enfermer dans leur souffrance, dans leur solitude…

Puis soudain, le crime est là, les mensonges, les excuses, les alibis et les complicités… mais Julie est-elle coupable ? Sera-t-elle acquittée ou condamnée ?

Surprise au bout de cette narration graphique grandiose… Vous allez devoir relire les trois dernières pages pour vous faire votre propre jugement… Si vous faites confiance à Julie, vous allez l’acquitter, lui redonner sa liberté, se reconstruire une vie avec Mathias, son fils chéri… Si vous avez trop de doute vous resterez dans flou, dans le brouillard… Enfin, si inflexibles, vous ne voulez pas entendre Julie, vous la condamnerez et les dernières planches ne seront qu’un songe, un rêve, un mirage… A vous de choisir !

Cette histoire de Denis Lapière est d’une grande qualité même si son aspect dramatique n’échappera à personne. Il a trouvé en Olivier Grenson un dessinateur de grande qualité qui est entré dans ce récit comme d’autres entrent en religion… La ville industrielle de Charleroi est là devant nous engendrant, à sa façon, la souffrance d’une population qui voit son empire se fatiguer, disparaître…

Un diptyque à lire absolument car il fait partie des travaux qui montrent de façon absolue que la bande dessinée est bien devenue un art majeur !