Après la démocratie
de Emmanuel Todd

critiqué par Haiter, le 20 janvier 2010
( - 54 ans)


La note:  étoiles
La fin de la démocratie ?
Y a-t-il une alternative au système démocratique ? La mondialisation précipite-t-elle la crise des sociétés occidentales ? Le fait religieux structurera-t-il la société dans le futur ?

Emmanuel Todd, intellectuel engagé et historien des structures familiales, passe en revue les différentes crises que traversent les sociétés occidentales.

Un constat, une prévision ? Un avertissement surtout... Avec des arguments qui sont renforcés par l'implosion de la « bulle financière » et de l'idéologie néoconservatrice !

Après avoir prédit la chute de l’URSS et pressenti la chute de « l’empire américain », Todd voit dans la crise actuelle le déclin du système démocratique :
« Sous la diversité des symptômes, c'est d'une véritable crise de la démocratie qu'il s'agit. Pour la comprendre, il faut identifier, au présent et dans la longue durée de l'histoire ces facteurs lourds que sont le vide religieux, la nouvelle stratification sociale, l'impact destructeur du libre-échange, l'appauvrissement des classes moyennes, l'égarement des classes supérieures. »

Il revient également sur les deux éléments structurants la démocratie élite / masse :
« Après la démocratie". "Au terme des transformations de la société française, nous pouvons évaluer l'ampleur du phénomène que doivent affronter les dirigeants politiques (...) Le véritable drame pour la démocratie ne réside pas dans l'opposition de l'élite et de la masse que dans la lucidité de la masse et l'aveuglement de l'élite (...) Une démocratie saine ne peut se passer d'élites. On peut même dire que ce qui sépare la démocratie du populisme, c'est l'acceptation par le peuple de la nécessité d'une élite en laquelle il a confiance. De l'histoire des démocraties surviennent toujours, à un moment décisif, la prise en charge par une partie de l'aristocratie des aspirations de l'ensemble de la population, une sorte de saut dans la foi, qu'accomplissent conjointement privilégiés et dominés. »

On conviendra que n’importe quel responsable politique signera des deux mains ce texte, mais le travail des intellectuels ce n’est pas seulement un travail de réflexion mais aussi alerter, prédire et anticiper.

@haiter 2010
C’est tout ? 3 étoiles

Son seul projet : le protectionnisme européen. Peut-être lors de sa sortie le bouquin apportait quelque chose ; mais ce genre d’essai vieillit vite à mon sens. Taper sans discrimination sur la droite et la gauche reste stérile lorsqu’on n’a pas de vrai projet à proposer.

Béatrice - Paris - - ans - 23 juillet 2011


Très stimulant, un peu moins convaincant 8 étoiles

L’essai d’Emmanuel Todd se lit avec intérêt et comporte cette qualité rare de stimuler la réflexion du lecteur. Pour ma part j’ai beaucoup aimé :
- le talent de pamphlétaire de Todd qui le place bien au-dessus du tout venant des commentateurs et autres intellectuels de service, comme en témoignent les pages délicieusement assassines de l’introduction consacrées à Sarkozy ;
- l’originalité de son analyse sur l’évolution de la société française qui, outre la profondeur historique, est riche des apports de plusieurs disciplines (anthropologie, démographie, économie, sociologie), rarement exploitées ensemble, et de la comparaison avec les autres sociétés, en particulier du monde anglo-saxon ;
- la volonté de l’auteur de respecter un minimum d’honnêteté intellectuelle, d’où l’emploi du conditionnel ( il serait absurde de conclure que…., il faudrait disposer d’études statistiques sur ce sujet ….) , même si cela peut aussi apparaître comme un moyen rhétorique.

Deux réserves tout de même qui tiennent aux limites de l’exercice :
-Todd s’en prend, à raison, aux déclinistes, à ceux qui confondent pause dans l’élévation du niveau et régression, mais deux de ses scénarios de sortie de crise (ethnicisation et fin du suffrage universel) ne sont pas à proprement parler d’un grand optimisme et s’apparentent à un déclin, pour ne pas dire plus, de notre modèle républicain ;

- le troisième scénario, le recours au protectionnisme au niveau européen, souffre quant à lui d’un défaut de réalisme : comment en effet convaincre l’Allemagne d’y avoir recours dans les domaines qui relèvent de la compétence de l’UE alors que sa croissance est quasi vertigineuse (3,6% en 2010 contre 1,5 % pour la France) et comment annoncer aux 151 partenaires de l’Union européenne et de la France à l’OMC la mise en place d’une politique protectionniste sans déclencher dans les minutes qui suivent une guerre commerciale ?

Montgomery - Auxerre - 52 ans - 7 mars 2011