La femme accident, tome 1
de Denis Lapière (Scénario), Olivier Grenson (Dessin)

critiqué par Shelton, le 17 janvier 2010
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Coupable ou non-coupable ?
La collection Aire Libre est une grande collection de bandes dessinées et on peut légitimement dire que c’est la richesse de chez Dupuis, la fierté de tous les fans de bédés et un espace de liberté pour les auteurs et de bonheur pour les lecteurs… Plus de vingt ans que ça dure et j’espère que ce sera encore longtemps le cas…

Un des principes de la collection est de demander à de grands auteurs des histoires en un seul album. Parfois, exceptionnellement, quand le sujet le mérite, quand les auteurs sont de grande qualité, on les autorise à raconter en deux albums… C’est ce qui fut donné comme possibilité à deux grands noms de la bande dessinée, Denis Lapière (Charly, Luka, Un peu de fumée bleue, Clara…) et Olivier Grenson (Nikkos Koda et Carland Cross). Ils nous offrent « La femme accident » et c’est une histoire dont on ne revient pas tout à fait indemne…

C’est le destin de Julie qui nous est raconté. Julie est en prison, en préventive et elle va vivre sous nos yeux son procès en assise. Elle est, alternativement, dans sa cellule ou dans le box des accusés et elle se souvient de cette courte vie qui tourne au drame. On ne sait pas exactement, dans ce premier volet de l’histoire, si elle est coupable, qui elle aurait tué, dans quelles conditions… Elle nous raconte sa vie en commençant par le début, avec parti pris : elle est à la fois la narratrice et l’objet de la narration… Du coup le lecteur est déstabilisé : Julie me dit-elle la vérité, enjolive-t-elle, raconte-t-elle ce qu’elle a vécu, ce qu’elle croit avoir vécu ?

Denis Lapière, le scénariste, maîtrise l’art de mettre les bons mots à leur place, de décrire les sentiments en laissant la part belle à l’humanité de ses personnages, même dans les excès et des excès, il y en a de très nombreux dans cette histoire ayant pour cadre une zone minière de Charleroi… Julie n’a pas eu une belle vie, abandonnée ou presque par sa mère, sans père, exploitée rapidement par certains de ces camarades… mais cela donne-t-il tous les droits pour autant ?

On comprend rapidement que la vie de Julie est transfigurée depuis peu par un miracle, un charmant petit garçon, Mathias. Mais quel avenir pour tous les deux ? Que décidera le jury populaire ? Condamnation ou acquittement ?

Une très belle bande dessinée avec deux grands artistes à la direction. Un scénario parfaitement au cordeau qui laisse, en fin d’album, le lecteur dans une attitude spéciale : il ne sait plus quoi penser… Il a envie de crier « La pauvre femme ! » ou « Quelle salope ! »… Le dessin est brillant, efficace et plein de chaleur. Un réalisme plein d’humanité et de sentiment qui de temps en temps rappelle la série Nikkos Koda…

J’ai beaucoup aimé et je ne peux qu’espérer que vous partagiez mon bonheur de lecteur !
Un belle bd mais un peu froide. 7 étoiles

J’ai choisi de lire "la femme accident" de Grenson et Lapière dans la version à tirage limitée (2500 exemplaires) en raison des superbes illustrations de Grenson (plus connu pour sa série phare Niklos Koda) présentées en fin d'album.

Ce qui fait la force de cette bande dessinée c'est évidement le dessin, tout en finesse, de Grenson, car au niveau du scénario, je suis resté un peu sur ma faim.
Cette première partie d'une chronique d'une jeune fille en mal de repères est trop vite lue, c'est le grand reproche que je lui fais.
Malgré les "petits" accidents de la vie de Julie, l'intensité dramatique -qui la conduira aux assises- n'est pas assez présente dans cet opus.
J'ai eu l'impression de voir une tranche de vie défiler sous mes yeux, sans ressentir d'émotion.

Cet opus d'Aire libre est de bonne facture mais il manque quelque chose pour le rendre indispensable.

Hervé28 - Chartres - 54 ans - 1 novembre 2011