Les enfants de Las Vegas
de Charles Bock

critiqué par NQuint, le 17 janvier 2010
(Charbonnieres les Bains - 51 ans)


La note:  étoiles
Sujet gâché
Beaucoup de romans américains traitent de New-York, Los Angeles ou d'autres grandes métropoles US. Et pourtant, Las Vegas est un matériau romanesque fantastique. Enorme boursouflure kitsch surgie au milieu du désert du Nevada, Sodome & Gomorrhe des temps modernes en perpétuelle expansion ("fastest growing city America"), pompant à l'infini la rare eau du désert et faisant s'effondrer la ville sur elle-même, surexploitant l'électricité du mythique Hoover Dam, sur-illuminant le mondialement connu Strip où se pressent touristes, joueurs et congressistes du monde entier pour mieux laisser dans l'ombre les immenses suburbs des cols bleus du jeu.
L'autre matériau qu'a utilisé Charles Bock est la jeunesse perdue, l'adolescence à la dérive, les fugueurs se regroupant en une subculture incertaine, en un underground malsain, attirés par les lumières de la ville-néon comme des phalènes.
Avec un sujet aussi prometteur et ayant lu sur la 4ème de couv' qu'il était un "élève" de Rick Moody, je m'attendais au meilleur et j'ai eu le pire (pour moi). Récit déstructuré, déconstruit, personnages à peine esquissés et pour lesquels on ne sent ni tendresse ni empathie, style saccadé tantôt volontiers métaphorique tantôt cru et terre-à-terre. Cela m'a fait penser aux deux livres de Don De Lillo que j'ai lu à savoir Cosmopolis et Underworld. Problème, je n'ai aimé ni l'un ni l'autre. Je me heurte à cette barrière stylistique qui ne me correspond pas. Aussi m'est-il difficile de condamner totalement le livre, ce qui est pour moi un écueil pouvant ne pas en être un pour d'autres ... Il me semble quand même que Bock passe à côté de beaucoup de choses qui pouvaient être utilisées sur Las Vegas qui sont magnifiquement abordées, dans un tout autre registre, par l'excellent "Une hyper-Amérique : Argent, pouvoir, corruption ou le modèle Las Vegas"
rejeté 1 étoiles

Je n’ai pas trouvé la porte d’entrée et je me suis pris tous les mots en pleine figure.
Je ne l’ai pas terminé et c’est rare.
Il n’y a que de la cacophonie, les mots me revenaient en pleine figure sans que j’en comprenne le sens. Je lisais les pages sans les comprendre, les mots me rentraient dans le cerveau, mais fuitaient de suite.
Tout m’a semblé brouillon, irrespirable…. J’ai tenté d’entrer par effraction, par une petite porte dérobée, mais rien n’y a fait. Est-ce l’écriture froide qui dissèque la vie de ces jeunes paumés et de leurs parents quasi absents ??? j’ai cessé le combat, KO debout, marre de me prendre des bouts de phrase en pleine gueule sans savoir pourquoi.
Vous avez compris, je n’ai pas aimé du tout et je l’ai envoyé à une autre lectrice, j’attends son avis.

Zazy - - 75 ans - 1 décembre 2011


Road Novel 5 étoiles

Autre roman où il ne se passe à peu près rien. L’auteur possède un talent certain pour la création de personnages, mais il ne semble pas vraiment quoi faire avec. Son style est bavard. Au fil des pages, il raconte en détail les rencontres entre un groupe de figures de la faune urbaine particulière de Las Vegas. Avec un décor comme celui là, il y’avait matière à nous déranger, mais je me suis ennuyé. Et encore une fois, la traduction du « slang » américain a eu raison de ma patience.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 54 ans - 5 décembre 2010


Impressionnant 8 étoiles

Ce premier roman m'a profondément touché par sa faculté à enrichir par strates l'univers de quelques protagonistes résidant dans la capitale du jeu. Le pavé aborde des sujets comme la pornographie, la pédophilie, le détresse sexuelle, la perte des repères face à la montée inéluctable des valeurs du fric et du sexe et l'individualisme de personnages dont le mal être n'a d'équivalent que la volonté de survivre.

Inoubliable et m'a fait un peu penser à mysterious skins.

Traffic - Marseille - 55 ans - 21 septembre 2010


Ouf! 8 étoiles

J'ai acheté ce bouquin, avant de lire la critique de "NQuint" et quand j'ai vu son commentaire, j'ai eu peur de ne jamais pouvoir arriver au bout des 500 pages de ce roman. Tout d'abord pour faire la même référence, j'ai lu et aimé "Joueurs" de Delillo sans être géné par la structure particulière du livre.

Il en va de même pour "Les enfants de Las Vegas", il est vrai que le récit un peu déstructuré peu dérouter mais il est loin d'être incompréhensible et pesant, comme ça aurait put être le cas. Parfois trash parfois émouvant, l'auteur nous montre les différentes facettes de cette histoire au grè de points de vus différents comme celui d'une mère de famille dont le fils à disparu, d'un ado attardé, d'une petite frappe ou tout un tas d'autres personnages haut en douleurs.

Un peu de longueur arrivé à environs 400 pages mais on ne décroche quand même pas et le roman ce termine de façon plaisante après que l'auteur ai tissé un récit cohérent de façon plutot audacieuse et intelligente malgrès la difficulté dûe au nombre de personnage.

Pour moi donc, un premier roman écrit avec beaucoup de talent, si sur le prochain l'auteur supprimes les quelques longeurs, ça sera irréprochable.

Math_h - Cahors - 37 ans - 7 avril 2010