Parquet flottant
de Samuel Corto

critiqué par 4art6, le 11 janvier 2010
( - 59 ans)


La note:  étoiles
Critique flottante
Parquet flottant de Samuel Corto est le livre que je n'espérais pas. Celui qui vous prend à contre-pied, renvoyant ses concurrents du moment au rayon des conserves recyclées de la rentrée. Original par son sujet, drôle dans son traitement, le style Corto ne saurait faiblir tout au long de ces 180 pages amplement suffisantes (enfin un livre qui ne se veut pas bien écrit juste pour épater la galerie, ni exagérément long pour se distinguer à toute force de la mode précédente qui faisait la part belle au court). Sous le parquet flottant du droit civil, grouillent en effet les formules qui tuent sur un fond d'ironie salvatrice. Un humour qui sert à dénoncer dans sa complexité, non pas une nouvelle maladie, mais une grande malade : la justice. Et heureusement, sans quoi on vomirait à chaque page tant le milieu provoque des hauts le coeur. Il y a du Houellebecq chez cet auteur, époque Extension du domaine de la lutte. Corto stabilote en rose les travers d'un système qui peine à entrer humainement dans le 3e millénaire, quand Houellebecq accompagnait avec dégoût la fin d'un siècle hypocrite. Ensemble, ils prouvent en tout cas, comme s'il le fallait encore, qu'un roman, même moqueur, révèle mieux son temps qu'un documentaire besogneux et plein de bonnes intentions. Ce Parquet est accrocheur, il s'avère un revêtement parfait pour pratiquer un sport de combat. Et si le combat donne dans le genre baston d'opérette, lutte greco-mondaine ou catch à pitres, qu'on ne s'y trompe pas, on meurt aussi à ce jeu là. Notre substitut frappe fort. Chaque fin de chapitre fait entendre le gong (le glas?) et l'on compte les points. Bon public, on se marre, derrière les cordes, jusqu'au jour où on se retrouvera au tapis comme les autres, le corps écrasé par le poids de la connerie procédurière et l'esprit flottant dans les limbes de la folle absurdité.

Mario Alonso
http://lillisible.blogspot.com
Coups de lattes amers 5 étoiles

Corto frappe fort sur la justice et son fonctionnement approximatif. C'est son droit naturellement et ses anciennes fonctions d'avocat et de magistrat lui donnent une légitimité que personne ne songe à lui contester.
Quand même, était -ce bien raisonnable de taper à bras raccourci sur les représentants (très imparfaits certes) d'une institution à laquelle on ne donne pas les moyens de ses missions ?
Il y a trop d'amertume chez Corto qui hésite en permanence entre la critique bouffonne façon Frédéric Dard et des propos de fond sur les nombreux renoncements auxquels sont conviés les magistrats au nom du diktat de l'efficience de la justice.

Montgomery - Auxerre - 52 ans - 27 juin 2021