Les filles de Riyad
de Rajaa Alsanea

critiqué par Débézed, le 29 décembre 2009
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
« Choisis celui qui t’aime, pas celui que tu aimes. »
Pendant un an, tous les vendredis soir, une jeune saoudienne inonde la toile de ses mails qui scandalisent la bonne société locale parce qu’ils racontent l’histoire de quatre copines qui rêvent d’épouser un jeune homme qui les aime et les respecte. Ces mails se présentent toujours de la même façon : une citation, sur l’amour en général, une introduction où elle dialogue avec ses lecteurs et enfin un épisode de la vie de ces quatre filles au prise avec leurs problèmes de cœur, de famille, de société, de religion, … de tous ce qui rend difficile la vie d’une jeune saoudienne cultivée, instruite et riche mais qui n’a, à peu près, aucun droit.

C’est la vie de Gamra qui sera repoussée par son mari qui avait déjà un autre amour avant son mariage, de la douce Sadim follement éprise de son amoureux qui l’abandonne parce qu’elle lui a trop donné, de Michelle, à cheval sur deux sociétés, qui ne peut donc pas prétendre à un mariage pur et de « Lamis (qui) était la seule à avoir réalisé leur rêve à toutes : se marier avec son premier amour. »

Ce livre, édité au Liban pour contourner la censure saoudienne, a d’abord été diffusé sous le manteau à prix d’or et, devant son succès, il a finalement été publié non seulement en Arabie saoudite mais dans le monde entier où il rencontre un grand succès. Il ose soulever un coin, large même, de la « abaya » de ces jeunes saoudiennes qui incarnent probablement le futur de cette nation aux prises avec ses contradictions. Fossilisée dans ses traditions, son histoire et surtout sa religion, la nation saoudienne et surtout celle du Nadjd, la partie centrale de l’Arabie qui a unifié ces peuplades autour du wahhabisme, a beaucoup de difficulté à intégrer la nouvelle donne sociale générée par l’argent qui se déverse à flot des puits pétroliers. Cette richesse permet l’accès aux nouvelles technologies qui facilitent les échanges entre les populations et notamment les jeunes qui usent et abusent de l’ordinateur et du téléphone portable pour échanger en dehors des yeux et des oreilles des adultes. La rencontre avec les autres civilisations qui affluent dans le Golfe ou que les Saoudiens côtoient lors des études qu’ils effectuent désormais dans les grandes universités anglo-saxonnes, provoque un choc culturel qui déstabilise la jeunesse saoudienne qui voudrait vivre en adéquation avec son temps mais sans remettre en cause les us et coutumes ancestraux.

Ce texte n’est pas seulement une remise en cause de cette société patriarcale, c’est aussi une analyse fine qui montre tout le jeu des intrigues, cabales, dénonciations, et toutes autres manigances que les familles ourdissent pour s’assurer les meilleures places dans cette société où tout le monde se connait et où la moindre incartade peut être montée en épingle pour déstabiliser une famille toute entière. Et, à ce petit jeu, les mères sont devenues expertes au mépris du sort de leurs filles et de l’avenir des femmes dans cette société. Elles ont su convaincre les fils qui voulaient essayer de briser le carcan qui étouffait leur femme, de ne pas renoncer à la tradition et de respecter la religion des pères qui a souvent été un excellent alibi pour maintenir la tradition et les familles dominantes au pouvoir. « Ils ne sont que des pions que leur famille déplace sur l’échiquier, et celui qui gagne, c’est celui dont la famille est la plus puissante ! »

Mais, peut-être que ces filles qui ont fait des études brillantes, qui osent affirmer leurs personnalité, qui créent des entreprises, qui peuvent vivre sans homme pour les guider, ont ouvert une voie que d’autres emprunteront pour fonder une société nouvelle où la femme aura sa vraie place. « A tous les mécontents et les revanchards, aux révoltés et aux furieux, à ceux qui considèrent que les déboires des autres ne sont rien à côté de ce qu’ils endurent… C’est à vous que j’adresse ces mails, qui ouvriront peut-être la brèche et feront naître le changement. »
Un ouvrage qui refuse le titre de roman mais qui contient certainement plus que bien des livres qui revendiquent ce label pour faire bonne impression sur les rayons des librairies.
Intérêt... décevant 5 étoiles

"Les filles de Riyad" de Rajaa Alsanea (350p)
Ed. Pocket

Bonjour les fous de lectures ....
Livre lu dans le cadre du défi " je noircis mon planisphère" et qui me permet de valider l'Arabie Saoudite.
Au sujet du livre:
Ce livre est un document
Pendant une année, chaque vendredi, l'auteure bombarde la toile de mails.
Elle y raconte l'histoire de 4 amies appartenant à la classe privilégiée du pays.
Elle y parle de leurs amours, de leurs espoirs et déceptions.
Elle transgresse les interdit du pays encore lourdement enfermé sur ses traditions pour partager le ressenti de ces 4 jeunes filles qui tentent de s'émanciper et de s'ouvrir au monde
Ce livre a été publié au Liban en 2005 et a circulé "sous le manteau" en Arabie Saoudite.
Mon avis:
Bof bof
Nous n'apprenons pas grand chose que nous ne connaissions déjà de la conditions de "ces pauvres petites filles riches " dans ce pays qu'est l'Arabie Saoudite.
Le style n'est ni transcendant, ni passionnant, même assez lassant.
Je comprends que ce document ait pu faire l'effet d'une bombe dans le pays de l'auteure mais pour nous, les occidentaux, qui sommes à des lieues de leur façon de vivre, il fait plutôt l'effet d'un pétard mouillé.
Bref, un livre qui m'a déçue, j’espérais m'immiscer dans la vie de ces femmes saoudiennes .. je suis restée en surface.
L'auteure, hélas, passe à côté du destin tragique de nombreuses femmes qui n'ont pas la chance de ces 4 jeunes nanties.
Dommage

Faby de Caparica - - 62 ans - 1 novembre 2020


amours saoudites 8 étoiles

Comment concilier l'amour et la foi, lorsqu'on est une jeune fille vivant en Arabie Saoudite ? Pas facile, facile, malgré internet et les mille et une possibilités qu'il offre pour communiquer. Présenté comme une série de messages électroniques hebdomadaires envoyés comme des bouteilles à la mer par une de ces jeunes filles souhaitant dénoncer l'oppression dont sont victimes les femmes en terre d'islam, il conte les mésaventures de quatre amies, Sadim, Gamra, Michelle et Lamis. Elles font partie de la "bonne société", ce qui, dans ce pays aux multiples contrastes, veut dire qu'elles sont excessivement riches, l'argent n'étant pas, et de loin, leur principal problème. Leur problème, c'est bel et bien l'amour, et surtout l'impossibilité de le vivre lorsque l'homme est conditionné par des siècles de croyance en sa toute puissance et son impunité, reposant prétendument sur des textes sacrés. Mensonge, dissimulation, jalousie, tel est le quotidien que génèrent ces interdits d'un autre âge. Seule l'une d'entre elles, Lamis, parviendra au paradis sur terre, rencontrant après bien des déboires amoureux un homme avec qui elle pourra partager ses sentiments. Pour les trois autres, la terre sera au pire une vallée de larmes, au mieux un arrangement avec le destin au prix du sacrifice de sa liberté. Un témoignage émouvant, empreint d'une profonde sincérité, bien que l'on puisse regretter que les souhaits de ces jeunes filles ne soient pas toujours exempts d'une certaine superficialité, dès lors qu'il s'agit de leur attachement aux biens matériels que leur autorise leur statut social élevé.

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 75 ans - 8 avril 2017