Les hommes-objets au cinéma
de Laurent Jullier, Jean-Marc Leveratto

critiqué par Veneziano, le 23 décembre 2009
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Réification du corps : un effet-balancier ?
Ce livre, ironique à souhait, est destiné à méditer sur la place du corps au cinéma, et plus largement dans les média, à commencer par la publicité. Il évoque, bien sûr, l'évolution de l'image du corps de l'homme dans le VIIème art et montre l'évolution de la représentation de la virilité et de la conception du sexe supposé fort, s'adaptant à des évolutions et des goûts. L'homme se retrouve donc parfois gadgétisé, pour répondre à des standards, plus ou moins sérieux. Les rôles respectifs du muscle, de la peau douce, de la tenue, plus ou moins évocatrice, sont porteurs de symboles, et Roland Barthes n'aurait peut-être pas été insensible à cette sémiologie, lui qui s'est penché sur les codes de la mode.
Mais cette - relative - instrumentalisation est-elle un contrebalancier de la réification du corps de la femme ? Je pense que non, vu que les deux genres ne répondent pas aux mêmes attributs et fonctions sociaux. Leur nudité, leur corps, même simplement évoqués, ne sont pas porteurs des mêmes symboles. Il y a évidemment une recherche d'équilibre, par ailleurs plutôt vers le bas, mais l'imaginaire relié au sexe opposé n'est pas symétrique. La nudité masculine peut désormais porter sur l'ironie de la puissance ou montrer davantage de sensibilité, plus ou moins ambivalente selon les circonstances.
J'extrapole un peu le contenu de cet ouvrage assez bref et aux illustrations évocatrices, qui fait sourire et réfléchir. Son thème, moins superficiel qu'il en a l'air, reflète l'évolution de l'image des genres, des hommes, mais également en creux, si on s'en donne la peine, des femmes au travers des décennies.