Nuits blanches
de Philippe Foerster

critiqué par Blue Boy, le 14 décembre 2009
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Des histoires à dormir sur la tête...
Foerster est hélas trop méconnu à mon avis… Cet auteur belge a notamment publié une dizaine d’albums composés d’histoires courtes pour Fluide glacial, qui sont tous de petits bijoux d’humour noir vachard et peuvent rappeler dans l’esprit les contes de la Crypte ou Stephen King. Foerster n’a pas son pareil pour raconter des situations ordinaires mettant en scène monsieur Tout le monde et virant systématiquement au cauchemar. Il semble avoir un "faible" pour une catégorie particulière : losers patentés, comptables exténués, inspecteurs des impôts austères, petits chefs tyranniques et employés craintifs, constituant l’échantillon peu glorieux d’une humanité étriquée, victimes d’une éducation rigide, craignant la vie comme si elle était un poison. Son trait acéré et à l’encre de Chine (très noire !) est également unique, les décors semblent vivants, prêts à dévorer des personnages disgracieux dont les membres peuvent à tout moment s’allonger ou perdre leurs os. Les visages paraissent sortir des pires tableaux d’un Picasso sous hallucinogènes.

Bref, vous l’aurez compris, ces histoires cruelles dignes d’un cerveau malade sont à déconseiller aux âmes sensibles. En ce qui me concerne, je pensais qu’avec les années, je finirais par me lasser de ces histoires où le Grand-Guignol fait bon ménage avec la folie, et pourtant je les relis toujours avec la même jubilation.

« Nuits blanches » contient ainsi huit histoires à lire sous la couette, avec entre autres un cabillaud collectionneur d’organes humains, des géants portant des immeubles comme couvre-chefs, et des bonnes sœurs harpies nourrissant des bébés-plantes carnivores avec de la chair humaine… Je vous l’avais dit, un cerveau malade !...