Minuit
de Julien Green

critiqué par Antinea, le 14 décembre 2009
(anefera@laposte.net - 45 ans)


La note:  étoiles
La fête étrange… de l’autre côté du miroir
Amoureuse éconduite, Blanche se donne la mort sur un plateau venteux au pied duquel s’enfuit le train emportant son bien-aimé. Elle laisse sa fillette de onze ans, Elisabeth, à la merci de trois tantes égoïstes qui voient en elle l’héritière des attitudes dépravées de leur sœur.
Ballotée de l’une à l’autre, Elisabeth n’a qu’une envie : fuir. Elle le fera un soir d’hiver alors que, enfermée dans un débarras, apeurée par le tas informe de meubles et les délires maniaques de sa tante, elle s’évade par une fenêtre. Dans la nuit et le village presque désert, elle fait la connaissance de M. Lerat, économe dans un lycée voisin, et qui se prend d’affection pour la petite fille. Le destin d’Elisabeth aurait pu s’avérer paisible avec la famille Lerat, mais l’imagination de l’auteur en a décidé bien autrement…

C’est une histoire en deux parties (bien que le roman en comporte trois) que la vie d’Elisabeth. La première, plus conventionnelle, raconte celle de l’orpheline semblable à une Cendrillon entourée de méchantes tantes, de vilaines sœurs… La seconde est bien étrange… une maison sordide où l’on vit la nuit, des personnages à la limite de la folie… un mélange du Grand Meaulnes et de sa fête étrange et d’Alice au pays des merveilles… Aucun point commun entre ces deux parties si ce n’est l’éveil de la jeune fille à la sensualité.

Ce roman est inclassable : initiation, absurde, burlesque ? Que les spécialistes du genre se manifestent. J’en retiens une écriture soignée, un style délicieux et émouvant qui se manifeste plus particulièrement dans les descriptions des personnages et des balades nocturnes dans des maisons presque vivantes...