Lark et Termite de Jayne Anne Phillips

Lark et Termite de Jayne Anne Phillips
( Lark and Termite)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par BMR & MAM, le 6 décembre 2009 (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 63 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 792ème position).
Visites : 3 670 

Roman polyphonique

Jayne Anne Philips a situé son histoire dans les années 50 dans une bourgade US (avec quelques scènes en Corée, c'était l'époque de cette guerre-là).
Une histoire à quatre voix qui alternent au fil des chapitres.
La voix du capitaine Leavitt en train de crever sur le champ de bataille, en plein cafouillage entre les réfugiés coréens de tous bords, la progression des communistes et le pilonnage des forces américaines.
Au pays, on écoutera la voix de la jeune Lark, fille d'un premier mari de Lola, la femme du capitaine.
Puis la voix intérieure de Termite, un handicapé autiste, le fils de Leavitt et Lola que son père n'aura jamais eu le temps de voir et à qui on fête l'anniversaire régulièrement et plusieurs fois par an parce qu'il semble adorer ça. Et enfin, la voix de Nonie qui élève les deux enfants de sa soeur Lola, Lark et Termite.
Car il manque bien sûr cette cinquième voix : celle de Lola, la femme du capitaine, la mère des deux enfants, la soeur de Nonie. Au fil des chapitres on devine peu à peu son portrait comme dessiné "en creux", en négatif photo, en écho aux voix des autres personnages pour qui son absence est désormais une fêlure définitive.
Tous les quatre sont abandonnés, perdus : le capitaine dans la déroute de la guerre de Corée, Nonie à élever des enfants qui ne sont pas les siens, aimer un homme qui n'est pas vraiment le sien, Termite dans les ténèbres de son propre corps et Lark sans père ni mère, juste un demi-frère.
Tous les quatre ont été abandonnés par Lola et tous ont charge d'âmes : le capitaine et sa colonne de réfugiés coréens, Lark et son frère handicapé, Nonie et les deux enfants.
Au terme de cette histoire, les orages, les rivières et les inondations du sud-est américain viendront, tels un déluge salvateur, emporter ces secrets qui leur pèsent, balayer ces non-dits qui les emprisonnent, et la jeune Lark (l'alouette) retrouvera les souvenirs qui la délivreront du passé.
Pour être tout à fait honnête, les voix agitées du capitaine dans son tunnel coréen et du jeune Termite dans son tunnel intérieur, étaient un peu trop oniriques et chaotiques à notre goût, contrastant avec la clarté limpide des destins de Lark et Nonie.

À propos de Termite :
[...] Le fait est que, dès qu'ils ont compris qu'il n'est pas le cas d'urgence qu'il peut avoir l'air d'être, ils trouvent toutes les excuses pour l'approcher. Il ne réclame rien et il ne communique pas de façon habituelle, mais à sa manière, dans son silence, il les prend en compte. Cela ressemble beaucoup à l'impression qu'on a en regardant une étendue d'eau assez vaste pour vous apaiser, un étang, un lac ou une rivière. Ou l'océan bien sûr. La première fois que j'ai collé l'oreille à un coquillage, c'était un peu comme si j'avais finalement entendu le son dans lequel vit Termite.

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Pour Cho

8 étoiles

Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 28 novembre 2013

Roman à plusieurs voix, celles de Lark, l’alouette, la jeune fille qui est le personnage central de ce roman, dont la voix ravit et rassure son demi-frère, Termite, autiste , hydrocéphale, qui ne comprend le monde que par bruits et perceptions diverses . Nonie, la tante de ces enfants, à laquelle ils ont été successivement confiés par leur mère, sa sœur Lola. Robert Leavitt, le père de Termite , dont le récit se situe neuf ans jour pour jour avant que ne commence le récit des enfants, soldat US chargé de convoyer des civils en Corée, et qui a agonisé trois jour dans le tunnel de No Gun Ri ( le roman est dédié à un petit garçon, Cho, né et mort dans le tunnel de No Gun Ri en juillet 1950.)
Et enfin, tout à la fin, Lola elle-même, Lola qui ne voulait que le bien des autres, Lola qui n’est plus là.

Il est vrai que ce procédé littéraire de roman polyphonique devient assez courant, peut-être un peu trop, et peut lasser. Ce que l’on remarque plus particulièrement dans celui-là, c’est la qualité de la construction, tout fonctionne en écho, les mêmes thèmes se retrouvent à neuf ans d’intervalle, tunnels, ponts, musique, eau et inondations et bien d’autres. Il y a bien sûr des voix que je préfère , les pages coréennes sont les plus fortes, alors que celles retraçant la pensée de Termite , qui retranscrit dans son langage tout ce qu’il perçoit, une sorte de flux de conscience collectif, peut-être un peu plus maladroites à mon goût.

Il n’empêche que c’est un beau roman , très riche,avec de très beaux personnages, qu’on ne peut qu’aimer , et un roman qui , malgré la détresse de certains moments dans la vie de ces personnages, ne se complait jamais dans le désespoir. Bien au contraire, comme le dit la critique de Chronikart,

« C'est ce qu'il y a de meilleur en chacun de ses personnages qui permet à l'histoire d'avancer »

En exergue:

Parce que aucune bataille ne se gagne jamais. Elles ne sont même jamais livrées. Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa propre folie et son désespoir, et la victoire n'est qu'une illusion des philosophes et des idiots.

William Faulkner
Le Bruit et la Fureur

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