Yanvalou pour Charlie
de Lyonel Trouillot

critiqué par CC.RIDER, le 23 novembre 2009
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Roman du terroir haïtien, épopée de la misère
Mathurin D. Saint-Fort est un jeune avocat d'affaires dévoré d'ambition qui a bien réussi à Port au Prince et qui ne veut plus entendre parler de ses origines campagnardes jusqu'au jour où surgit dans sa vie un lointain cousin, Charlie, venu lui demander de l'aide au nom de vieilles solidarités familiales et paysannes. Abandonné sur les marches d'un orphelinat et recueilli par un prêtre, cela n'a pas empêché Charlie de sombrer peu à peu dans la délinquance. Il s'est acoquiné avec trois autres ados abandonnés avec qui il a essayé d'accumuler un pécule pour survivre quand ils se retrouveront à la rue. Suite à une tentative de braquage qui a mal tourné, il se retrouve en cavale et entraine Mathurin sur une pente risquée...
Roman du terroir haïtien, « Yanvalou pour Charlie » est plus intéressant pour son style que pour son intrigue. Lyonel Trouillot est un poète tropical et son livre est plus une sorte d'épopée qu'un véritable roman à proprement parler. Loin du minimalisme, il ne se gêne pas pour partir sur de longues digressions et pour user d'un langage fleuri allant parfois jusqu'à l'alambiqué. De plus, l'histoire est racontée selon les points de vue des quatre principaux personnages qui s'expriment tour à tour dans les quatre parties du livre. L'intérêt majeur réside dans la description d'une société plombée par une misère crasse, gangrénée par la corruption et l'égoïsme avide des nantis, sans oublier les traditions (le yanvalou est le culte rendu à la terre et aux anciens), le vaudou et l'abandon d'une agriculture de subsistance au profit des bidonvilles et de leur économie parallèle. Au passage, Trouillot égratigne les blancs qui viennent adopter de petits enfants noirs qui ne s'adapteront jamais à leur nouvelle vie en Europe, les bonnes oeuvres, les ONG et les hommes de lois qui ne pensent qu'à détourner les dites lois au profit de leurs riches clients.
Ce livre, je n’avais pas envie de le lire… 9 étoiles

… d’autant que jusque là, je n’avais pas aimé les livres des auteurs haïtiens.
Mais il avait eu le prix Wepler en 2009 (au passage je remercie Feint, sans qui j’ignorerais même l’existence de ce prix).

Le style ne facilite pas la lecture au premier abord: des paragraphes de plusieurs pages… Ce qui ne m’a finalement pas gênée, au contraire, je m’en suis sentie d’autant plus immergée.

Quatre parties dans ce roman, chacune ayant pour titre un des personnages : Dieutor , Charlie, Nathanaël et Anne.
Les deux premières partie sont assez similaires : on est dans la tête de Mathurin-Dieutor puis on écoute Charlie, Charlie qui ramène Mathurin , l’avocat, dans le passé villageois de Dieutor, ce passé qu’il voulait oublier.
Ensuite la partie « Nathanaël », la plus dure, est racontée de façon externe. Le roman se termine avec Anne et une sorte d’épilogue.

Un livre que j’ai aimé. Un livre que je n’oublierai pas.

Ludmilla - Chaville - 68 ans - 16 mai 2013


Fade 3 étoiles

Ayant eu de bons échos sur ce livre et surtout son auteur par l'intermédiaire d'internet, je suis soulagée de découvrir ici des critiques moins enjouées. Je n'ai pas du tout accroché à l'histoire. Y a-t-il vraiment une histoire ? Des personnages, pour sûr, et pas qu'un peu. Mais on dirait qu'ils ont été inventés pour noircir des pages, pour parler d'Haïti et dénoncer certains milieux. Trop facile ! On trouve forcément un écho chez certains lecteurs quand on s’érige en porte parole de son île. De là à convaincre des lecteurs qui s'attendaient à découvrir un roman intéressant et quelques aspects d'Haïti, c'est loupé.
Quand à la forme de ce récit, je l'ai trouvé très lourde, sans style particulier. Je me demande bien comment j'ai pu continuer ce livre jusqu'à la dernière page.

Elya - Savoie - 34 ans - 11 janvier 2012


S'imprégner d'Haïti 7 étoiles

C’est une lecture qui a été parfois un peu trop dense à mon goût, voire même difficile à suivre par endroits. L’écriture est serrée, sans paragraphes ni dialogues. Il y a beaucoup de personnages, beaucoup d’histoires et beaucoup de recherche dans la narration, ce qui rend parfois le tout un peu trop chargé à mon goût.

Ce n’est pas non plus un roman que j’ai trouvé prenant dans le sens habituel du mot, mais c’est un livre qui est parvenu à m’absorber vraiment avec beaucoup de passages. Les descriptions d’Haïti, des bidonvilles aux quartiers de luxe, sont magnifiques. Les petites anecdotes qui parsèment ces descriptions le sont aussi.

En moins de 200 pages et à l’aide de personnages issus de différents milieux, l’auteur réussit à nous dresser un portrait global d’Haïti qui est attachant malgré toute la misère et les injustices sociales. C’est si bien écrit qu’on en ressort presque avec l’impression d’avoir voyagé. Mais, le programme reste chargé pour un si petit roman. À lire dans le silence...

Gabri - - 37 ans - 7 février 2011


pauvre charlie... 6 étoiles

Mathurin, un avocat d'affaires de Port-au-Prince, a refoulé dans sa mémoire son passé de gamin pauvre. Ce passé va resurgir à l'occasion de l'enterrement de son père au village natal et de sa rencontre avec Charlie, un gamin des rues qui va se coller à lui à ses risques et périls. L'histoire est touchante et le ton, celui de la fable, convient bien à cette satire sociale agrémentée d'un message généreux et universel. Malheureusement j'ai eu beaucoup de mal à suivre le parcours de tous les personnages, en particulier le destin final de Charlie me laisse sur ma faim, j'avoue ne pas avoir très bien compris comment il en est arrivé là. Dommage, car c'est très bien écrit...

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 75 ans - 1 septembre 2010