La métamorphose (version BD)
de Eric Corbeyran (Scénario), Horne (Dessin)

critiqué par Dirlandaise, le 14 novembre 2009
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Une adaptation réussie du chef-d'oeuvre de Kafka
Cette bande dessinée est une adaptation du livre « La métamorphose » de Franz Kafka. Une histoire terrible et pathétique que celle de Gregor Samsa, un voyageur de commerce qui se réveille un matin métamorphosé en un horrible cafard. Gregor est atterré par son nouvel aspect et s’inquiète de ne pouvoir se rendre à son travail. Lui qui est l’unique soutien de sa famille, comment vont-ils survivre sans le salaire qu’il leur verse dans son intégralité, ne gardant pour lui que le strict nécessaire. Enfin, la plupart d’entre vous connaissent cette histoire épouvantable, nul besoin de la raconter.

L’album est vraiment réussi, plus que cela même, on touche presque au chef-d’œuvre tellement le récit kafkaïen est bien servi par les dessins inquiétants de Horbe. Des dessins qui plongent le lecteur dans cette atmosphère si troublante et déroutante, pour ne pas dire cauchemardesque de l’œuvre du grand écrivain tchèque. C’est très sombre, le noir et le gris dominent mais nous avons droit à quelques touches de jaune, de rouge et de bleu délavé. Les textes sont fidèles à l’œuvre originale et l’essentiel a été conservé. J’ai immédiatement été conquise par l’ensemble et j’ai éprouvé beaucoup de tristesse et de compassion pour le pauvre Gregor devenu cafard et qu’on cache par honte et peur du qu’en dira-t-on. Il dérange, il effraie, il fait peur, on le confine dans sa chambre et il n’a pas le droit de sortir. Mais quelquefois, il s’échappe et est chassé à coups de balai. Au début, sa famille éprouve pour lui beaucoup de pitié mais, avec le temps, ils découvrent qu’ils peuvent très bien se passer de lui et il devient alors une nuisance dont il faut se débarrasser à tout prix afin de retrouver une certaine qualité de vie. On retrouve dans les dessins tout ce qui fait la caractéristique de l’œuvre tel que l’atmosphère sombre et angoissante, le climat de peur et d’incompréhension, la chambre de Gregor, la vie semi-bourgeoise d’une famille praguoise vivant dans un appartement assez confortable et satisfaisant grâce au travail du fils, la ville et ses habitants. Et ce pauvre Gregor qui, grâce à sa métamorphose, découvre l’exploitation éhontée que ses proches ont exercée sur lui sans qu’il s’en doute le moins du monde.

J’ai lu plusieurs fois le livre de Kafka et la bande dessinée reproduit presque intégralement les images mentales qui sont restées gravées dans mon esprit. Tout m’est revenu intacte et mes souvenirs ont été étonnamment ravivés. Pour cette raison, je considère comme un chef-d’œuvre cet album et je ne peux que le recommander chaudement. Si vous n’avez pas lu le livre, cette bd vous en donnera un excellent aperçu sinon plus. J’adore la couverture, ce gros cafard blanc sur fond noir dans lequel on voit le pauvre Gregor avec sa valise à la main dans une attitude de soumission et d’obéissance passive.

Si l’histoire vous a marqué comme moi, vous serez enchantés par cet excellent album.