Le mystère insondable du pâté chinois
de Jean-Pierre Lemasson

critiqué par Dirlandaise, le 11 novembre 2009
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Un pâté qui n'a rien de chinois...
Un des doux mystères de la vie consiste en l’origine de notre plat national québécois qu’est le pâté chinois. Bizarre n’est-ce pas qu’un plat décrété notre plat national porte un nom aussi incongru ? L’auteur a entrepris une vaste enquête afin de retrouver l’origine de ce plat que tous les québécois ont régulièrement sur leur table et aussi, tenter de trouver d’où lui est venu ce nom tout à fait inapproprié de « pâté chinois ». Pourquoi chinois alors qu’il ne possède aucune caractéristique de la cuisine de nos amis asiatiques ? Car ce mets prolétarien est composé de trois couches superposées à savoir pour le fond une couche de viande hachée recouverte d’une couche de blé d’Inde pour se terminer par une couche de pommes de terre en purée. Que peut-il bien avoir de chinois dans ce plat ? L’auteur a donc suivi plusieurs pistes dont celle des ouvriers asiatiques venus ici afin de travailler sur les voies ferrées et qui se seraient nourris de ce mets consistant et roboratif. Il y aussi la piste d’un petit village du Maine nommé China où serait né notre plat et qui lui aurait donné son nom. L’auteur a aussi fait des recherches approfondies dans le but de connaître l’origine des trois ingrédients entrant dans la composition du pâté et il a épluché plusieurs vieux livres de recettes afin de pouvoir donner un âge approximatif à ce plat familial par excellence.

C’est un livre que j’ai beaucoup aimé car il fait référence à l’histoire populaire du Québec et à sa gastronomie. L’auteur adopte un ton humoristique et primesautier tout à fait savoureux… Il plonge dans nos racines et notre histoire culinaire et sociale à la poursuite des origines de ce fameux pâté qui n’a rien de chinois. Mais c’est une tâche assez ardue pour ne pas dire impossible de démêler l’écheveau de l’histoire de notre plat national. On s’y perd et on erre de livres de cuisine en émigrations de travailleurs québécois bien nourris.

J’avoue que mes papilles gustatives ont été très sollicitées par les recettes en fin de volume. Alors là, notre pâté est conjugué à de nombreux temps et revêt des airs de haute gastronomie en se parant d’ingrédients comme le canard confit, les cuisses de cerf, les pommes de terre Yukon Gold, la purée de céleri rave et le cidre de glace. Chaque recette a été concoctée par un chef de restaurant québécois haut de gamme et fait saliver tellement elles sont appétissantes.

Enfin, le pâté chinois, malgré l’obscurité qui règne sur ses origines, demeure un classique de notre cuisine québécoise et il faut y goûter au moins une fois dans sa vie si on veut bien connaître le Québec et son art culinaire unique.

Un livre très bien conçu, de grande qualité avec des dessins humoristiques et amusants. Une lecture divertissante mais aussi très instructive sur l’histoire de notre « Belle Province ».