Jhen, tome 11 : La sérénissime
de Jacques Martin, Hugues Payen (Scénario), Jean Pleyers (Dessin)

critiqué par Shelton, le 7 novembre 2009
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Voilà une série repartie comme en l'an...
Si c’est bien dans le magazine Tintin qu’est né officiellement le personnage de Xan, devenu, par la suite Jhen, c’est aux éditions Casterman qu’étaient suspendus les fans pendant presque neuf ans. Et là, curieusement, ce n’est pas un album exceptionnel qui paraît mais c’est bien une reprise. Un album, « Les sorcières », avec le dessin de Thierry Cayman en septembre 2008, puis un autre, « La Sérénissime », en août 2009, mais cette fois avec le dessin du créateur, Jean Pleyers. Espérons que ce ne soit pas là un feu de paille mais bien une nouvelle jeunesse pour Jhen qui reste, d’ailleurs, un sacré gaillard, toujours prêt à aimer la première femme qui passe…

Hugues Payen, le scénariste de la reprise de la série, nous fait passer de la Suisse valaisanne, « Les sorcières », à l’Italie du Nord, Milan dans un premier temps puis Venise. Jhen est à la recherche d’un ouvrage exceptionnel que voudrait trouver son maitre, un certain Gilles de Rais. Gilles de Rais a souvent été accusé de tous les crimes, mais cette fois-ci c’est le côté alchimiste qui est le moteur de l’album. Ce livre devrait lui permettre de progresser encore un peu plus vers les recettes de la jeunesse éternelle…

L’Italie, en 1436, est loin d’être unie et nous assistons à certains jeux sournois entre le prince de Milan et celui de Venise. Le Doge est en grand danger, mais ce sont son fils et sa femme qui se retrouvent au premier plan, y compris pour aider Jhen… Quant au livre tant ardemment souhaité par Gilles de Rais il existe réellement, c’est le Codex Voynich. Oui, il est même à l’Université de Yale aux Etats-Unis… Malheureusement, comme le dira Jhen avec une forte déception :
« Mais… Mais… ce livre est illisible ! »

Aujourd’hui, on en prend grand soin, mais personne n’est encore capable de le lire et de le comprendre. On peut donc tout imaginer, y compris un texte dicté par des anges à un homme initié…

La narration graphique est d’une très bonne tenue et c’est avec beaucoup de plaisir que l’on retrouve, enfin, le dessin de Jean Pleyers. Ce dessinateur, hors normes, passionné d’ésotérisme, de poésie et de magie s’en donne à cœur-joie. Tout est fait pour lui, y compris ces grandes scènes italiennes et vénitiennes. Il aimait beaucoup l’Italie, la série Giovani l’avait montré, mais cette fois-ci c’est une preuve triomphante de cette passion… le dessin baroque de Pleyers est d’autant plus justifié que nous sommes à Venise où il ne dénature en rien. Personnellement, mais cela n’engage que moi, j’ai trouvé que le dessin de Pleyers était bien plus adapté que celui de Cayman dans « Les sorcières ».

Enfin, les couleurs de Corinne Pleyers sont très agréables à regarder et participent pleinement à la narration et donc à la qualité de cet album…

Si vous aimez l’aventure chevaleresque, l’amour courtois, les trahisons en tout genre, les allusions politiques, diplomatiques, religieuses, la ville de Venise et tout simplement le personnage de Jhen… alors n’hésitez pas à vous plonger dans cette bédé de qualité même si certains ne manqueront pas de dénoncer son classicisme… en tous cas, moi j’aime sans aucune retenue !