Parvati ou l'amour extrême
de Kālidāsa

critiqué par Dirlandaise, le 4 novembre 2009
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Quand on a soif de divin...
Kalidasa est le plus grand poète d’expression sanskrite que l’Inde ait jamais connu. Depuis deux mille ans, tous les Indiens lisent Kalidasa et récitent ses poèmes. Ce livre est une traduction adaptée pour le lectorat français de son chef-d’œuvre intitulé « Kumarasambhava ». Mais c’est une version abrégée car le poème original est constitué de dix-sept chants et ici, nous n’en retrouvons que sept. De plus, le quatrième chant a été omis car plusieurs passages auraient nécessité trop d’explications. Dans le texte français, on a gommé les allusions, mythologiques ou autres, par trop obscurs pour un lecteur français. Je tire toutes ces précisions de l’avant-propos du livre et de la quatrième de couverture.

En gros, il s’agit de l’histoire du mariage de la belle Parvati, fille du souverain des Montagnes Himalaya et de Ména, fille de la Pensée. Parvati doit essayer de conquérir le cœur de Shiva, le dieu des Dieux, le Maître de toutes les créatures et Maître des trois Mondes. Mais Shiva est un dieu ascète qui a renoncé au monde et à ses plaisirs. L’entreprise de Parvati en sera d’autant plus difficile et ardue. Afin de parvenir à toucher le cœur de Shiva, Parvati s’astreindra à un « tapasya » c’est-à-dire un effort acharné en vue d’un résultat spécifique, un rassemblement de toutes les facultés humaines sur un point unique. Et ce point unique vers lequel tend Parvati est bien sûr l’amour de Shiva. De leur mariage doit naître Kumara qui a pour mission de détruire Taraka, un dieu avide de pouvoir et de violence qui sème la destruction sur son passage.

Nous avons donc sept chants qui font office de chapitres. Ce conte initiatique nous transporte dans un monde habité par les dieux. C’est un hymne à la femme et à l’amour. La description de la beauté de Parvati est absolument sublime. L’écriture de Kalidasa est une véritable splendeur, une merveille littéraire, une succession d’images magnifiques et d’une poésie incroyablement belle. Le dernier chant intitulé « L’amant » décrit les amours de Parvati et de Shiva et c’est un régal, une apothéose, un splendide récit de l’union d’un homme et d’une femme faits l’un pour l’autre et dont les étreintes donneront naissance à l’enfant sauveur du monde. Les descriptions de Kalidasa sont éblouissantes en particulier celle décrivant la tombée du jour, le coucher du soleil et l’arrivée de l’astre de la nuit. C’est d’une féerie resplendissante et si belle que cela devient presque difficile à lire tellement c’est remarquable de beauté, de grâce et de finesse. Un très beau conte à lire quand on a soif de divin.

« Ô mon enfant, tu n’es pas faite pour les rigueurs de l’ascétisme. La fleur délicate de l’arbre à soie peut supporter le poids du papillon, mais non celui de l’oiseau ! »

« Mon cœur est immuable et n’est plein que de lui. Qui suit son désir ignore la critique. »

« On la revêt de soie blanche, on lui met dans la main un miroir, rond et argenté comme une lune d’automne, et voici qu’elle fait penser au rivage de l’aube des temps, infiniment blanc, quand l’océan de lait le recouvrait d’écume à perte de vue. De ses yeux immenses, elle contemple dans la glace celle que verra le grand dieu, et elle soupire, car qu’importe cette beauté si ce n’est pas pour lui.»

« Le lotus attend une seconde avant de se refermer. Peut-être une abeille voudra-t-elle passer la nuit à l’intérieur de ses pétales. Alors, à l’extrémité de son bouton presque clos, il a laissé une ouverture minuscule, pour elle, par amour pour elle. »