Le noyé du Grand Canal
de Jean-François Parot

critiqué par Falgo, le 2 janvier 2011
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Parot et le Floch:de mieux en mieux
Jean-François Parot poursuit avec bonheur les aventures du Commissaire du Châtelet. Entouré de ses acolytes habituels, Nicolas Le Floch recherche à la fois l'auteur de libelles injurieux pour la Reine et le voleur d'un passe-partout en diamants lui appartenant. Les intrigues de la Cour, les ambitions des uns et des autres, les espions à la solde de l'Angleterre sèment des embûches sur son parcours et créent un effroyable dédale de cadavres et d'incertitudes.
Il me semble qu'avec cet opus Parot atteint à une véritable maîtrise de cette langue si particulière qu'il emploie pour inscrire son récit dans le XVIII° siècle. C'est un régal à chaque page qui permet de faire un véritable voyage dans le temps.
De même on peut apprécier la remarquable description de la société de l'époque, de ses moeurs, de ses travers, de ses difficultés, sans oublier les alléchantes recettes. L'effort de documentation et de restitution est impressionnant, sans être jamais lourd. J'en veux pour preuve le passage où le commissaire participe à un dîner avec deux castrats de la Chapelle Royale de Versailles: tout ce qui est dit sur et par ces personnages est historiquement exact et informé tant sur le plan humain que sur le plan musical. Tout en ayant son sens dans la conduite de l'intrigue.
Comme dans "Le cadavre anglais", opus précédent, je trouve également que Parot a acquis une grande maîtrise de la construction d'une histoire policière, élément un peu faible, à mon sens, des premiers livres. L'intrigue est ici admirablement conduite.
Parot a indiqué qu'il tentait dans ses ouvrages de reconstituer le XVIII° siècle sans laisser poindre l'émergence de la Révolution. On peut repérer dans celui-ci, a contrario, certains signes avant-coureurs: la misère du peuple mieux exprimée, la pénétration des idées des Lumières, l'inconséquence de la noblesse. Est-ce le signe d'une évolution à venir dans les prochains ouvrages?
Les deux goupils et l'introuvable passe-partout 8 étoiles

Encore une fois Jean-François Parot nous transporte avec brio dans ce XVIIIe siècle plus vrai que nature avec une enquête touchant, comme bien souvent, de très près la couronne. Entre les intrigues de la cour, les meurtres et même une bataille navale, le programme est donc très chargé pour Nicolas Le Floch mais cela permet au moins au lecteur de ne pas s'ennuyer dans ce récit au rythme, au final, assez enlevé. Bien sûr, il faut savoir passer sur quelques grosses coïncidences qui tombent à point nommé car Nicolas est quand même bien souvent au bon endroit au bon moment mais à part cela l'enquête est bien menée, les différents personnages rencontrés sont en règle générale assez intéressants, bien qu'un peu sous-exploités pour certains et l'histoire moins prévisible que ce que je craignais de prime abord.

Il vaut mieux par contre, pour apprécier pleinement ce roman, avoir déjà lu quelques enquêtes de notre commissaire car il y a de nombreuses têtes connues ainsi qu'un certain nombre de rappels sur des événements survenus précédemment, cela n'empêche aucunement la compréhension de l'intrigue mais évite de se poser des questions du genre qui est cette personne ou pourquoi parle-t-on de tel sujet.

J'ai donc été dans l'ensemble assez satisfait de cette lecture, c'était assez prenant, fort divertissant et la reconstitution historique, que ce soit par l'aspect politique, culturel et même gastronomique, est toujours aussi soignée.

Koolasuchus - Laon - 34 ans - 25 février 2021


Des écorchés …si chers, à des vivants biens trop souvent odieux ! 9 étoiles

Résumé :
1778 Dans l’attente de la naissance d’un héritier au trône, les critiques contre la reine s’exacerbent. Un bijou dérobé au bal de l’Opéra devient l’enjeu des cabales et des complots. Nicolas Le Floch se voit chargé de surveiller l’intrigant duc de Chartres cousin du roi. Il participe à son côté au combat naval d’Ouessant, premier épisode de la guerre avec l’Angleterre. A son retour, des crimes, signés d’indices provocants le jettent sur la piste d’un mystérieux assassin…

De nouveau un de mes auteurs préférés avec Jean-François Parot, pour une nouvelle aventure de Nicolas Le Floch dans cette période d’histoire si riche et où il semble être heureux comme un poisson dans l’eau, tant il prend un certain plaisir à utiliser tous les ressources de son érudition pour nous non seulement nous mettre l’eau à la bouche, mais aussi, grâce à une multitude de personnages hauts en couleurs, nous permet de traverser différents états d’âme… Comme ce passage…
-Attachez-vous à cela désormais et découvrez ribon ribaine si ce pseudonyme dissimule quelque animateur secret. Sur ce abandonnez-moi à Plaute et allez fermer ces yeux que vos paupières peinent à ne point voiler depuis un moment.
-Quelle alacrité ! Quelle énergie ! Que la sauge et Trochin en soient remerciés !
-Allez, allez ! S’étrangla Noblecourt le menaçant de la canne au grand scandale de Mouchette qui, effrayée sauta à terre et s’évanouit par la porte ouverte. Disparaissez et rendez-moi un service. Portez Cyrus un moment dans la cour. Il se fait vieux et la descente de l’escalier lui devient pénible… Comme à moi ! Et demain faites-moi tenir par Catherine ce morceau de partition trouvée sur ce Lamaure ; je la voudrais considérer de plus près. Nicolas prit tendrement le vieux chien dans ses bras. Cyrus gémit et lui lécha les mains…Il appréhenda pour eux tous et surtout pour Noblecourt l’inexorable séparation.

Pierrot - Villeurbanne - 72 ans - 23 juin 2017