Un coeur de pierre
de Renate Dorrestein

critiqué par Squirrel, le 1 janvier 2002
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Famille brisée
Pâques 1972, La Haye, le couple van Bemmel annonce à sa joyeuse troupe de 4 enfants une prochaine naissance. Dès l'annonce de sa venue, la petite Ida rompt l'équilibre de la famille et la précipite dans la tragédie...
Ellen est le troisième enfant de la fratrie, celui qu'on appelle l'enfant-ciment. Aujourd'hui, à presque quarante ans, elle est enceinte, de père inconnu. Mise au repos, elle s'installe sur les lieux du drame, dans la maison familiale qu'elle vient d'acquérir.Peu à peu, les souvenirs surgissent et doucement la vérité apparaît car, pour la première fois, Ellen va affronter les démons du passé. Car, torturée, culpabilisée à l'idée d'être seule survivante, Ellen n'a jamais réellement compris les événements déroulés 25 ans plus tôt et la vérité sera libératrice. Renate Dorrestein nous livre ici un roman poignant sur la famille et sur sa dynamique,sur la jalousie frères-soeurs, sur le couple et sur le rôle des parents. Le récit est écrit au présent, en alternance avec des flash-back, ce qui permet au lecteur de garder une certaine distance par rapport au drame qui se dévoile petit à petit. Un roman qui se lit comme un suspense. Sensible, percutant... et surtout difficile à oublier.
En réchappe-t-on vraiment 10 étoiles

Ca faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman d'une traite, avec intensité et fièvre de poursuivre, le coeur et les tripes nouées à ce point.
Dans un imbroglio de temps qui oscille d'une phrase à l'autre entre souvenirs et présent, l'histoire d'Ellen nous piège dans toute son horreur et on comprend en même temps qu'elle peu à peu ce qui s'est réellement passé.
L'écriture est incisive, brutale, et pourtant remplie de tendresse, c'est chavirant.

Cuné - - 56 ans - 30 août 2005


Un coeur de pierre...qui laisse les jambes en coton... 9 étoiles

Une magnifique histoire, vraiment bien écrite, où Renate Dorrestein passe avec virtuosité de la tendresse qui unit les membres d'une famille nombreuse à l'horreur qui s'y insinue petit à petit, avec un réel sens du suspense.
On entre de plain-pied dans l'histoire de la famille Van Bemel, au moment de l'annonce aux enfants de l'arrivée d'une petite soeur.
On oscille ensuite entre présent, où Ellen, l'une des filles de la famille, nous raconte son emménagement dans la maison familiale qu'elle vient de racheter, et les souvenirs qu'elle nous livre du drame familial qui s'y est joué, vingt~cinq ans plus tôt.
Les retours dans le passé nous livrent l'horreur du drame, par petites touches, et sa cause, qui sera délivrée à l'héroïne des années plus tard, ne le rend que plus poignant.
La petite Ellen qui lutte contre les fantômes de ses frères et soeurs disparus est un magnifique personnage qu'on aspire à voir retrouver le bonheur avec l'arrivée de son bébé.

Nirvana - Bruxelles - 51 ans - 2 août 2004


le bonheur visité par Satan 7 étoiles

J'ai rarement lu une description à la fois si simple et si parlante d'une famille heureuse : la complicité, l'entraide, l'affection, la tendresse , une joie de vivre inépuisable circulent comme un courant d'air dans la grande maison des Van Bemel, où les 4 enfants partagent la même chambre parce que le père a besoin de place pour ses archives. Jusqu'à la naissance de ce 5è enfant , qui introduit la folie, ou Satan lui-même, dans cette merveilleuse alchimie. Et d'un coup bref la douleur et la peur s'infiltrent et ne s'arrêtent plus. Le contraste est impressionnant . Un passage relate l'adoption d'un petit orphelin de 5 ans, séparé de sa soeur : on est embarqué malgré soi dans la haine de ces parents adoptifs faussement généreux . La mémoire de l'un semblera comme purgée de son passé tragique alors que l'autre, plus âgée, va nourrir une névrose à la mesure du drame. Sans être un chef d'oeuvre, c'est un livre qui laisse pantois. L'auteur est hollandaise, cela se sent dans cette espèce de verve authentique, sans fioriture, parfois brutale.

Zoom - Bruxelles - 70 ans - 21 janvier 2002