L'homme économique : Essai sur les racines du néolibéralisme de Christian Laval

L'homme économique : Essai sur les racines du néolibéralisme de Christian Laval

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Farfalone, le 14 octobre 2009 (Annecy, Inscrit le 13 octobre 2009, 55 ans)
La note : 10 étoiles
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Généalogie du désastre

Il faut à toute idéologie prétendant expliquer l'humain et son fait supérieur le social, des justifications, une antériorité, de sorte que ce qui pèse sur la destinée des hommes du fait des hommes puisse être coloré de sociologie, voire de philosophie. A tout le moins d'une anthropologie. Enfin bref faut que l'exploitation se fasse sous des auspices scientifiques ou philosophiques.

Le discours sur l'homme économique a cherché et trouvé ses fondateurs. Il fallait qu' un chercheur mette à jour cette généalogie.

Christian Laval, chercheur en histoire de la philosophie et de la sociologie à l'université Paris X Nanterre (dangereux repaire d'anarchistes, de crypto-bolcheviques et autres asociaux) démonte dans ce livre les mécanismes qui depuis -allez disons les Lumières- JUSTIFIENT la richesse des riches et la pauvreté des pauvres par des lois NATURELLES. Jusqu'à l'utilitarisme de Bentham appelé en justification de la création d'un être parfaitement égoïste et ne vivant que pour la satisfaction de ses intérêts: Homo Economicus, le producteur-consommateur moderne.

Pas comme un Max Weber qui voyait dans le protestantisme la source du capitalisme, ni comme Fernand Braudel qui nous explique le détournement du marché par l'accapareur, le profiteur ou le spéculateur comme source de l'accumulation primitive.

Non. Simplement (enfin faut lire les 350 pages) en nous démontrant que tout ce qui ressortit de la Philosophie des Lumières (écossaises notamment) a pu servir de justification au néo-libéralisme. Lequel -à l'instar du capitalisme qui est une entreprise sans cesse renouvelée de détournement des lois du marché (qu'il a inventées)- est une entreprise de détournement de tout ce que ces Lumières avaient mis en évidence en matière de liberté humaine face aux pouvoirs qui la comprimaient, la réduisaient ou tout simplement la niait: peut-être d'ailleurs pour éviter que la Société ne soit le lieu de la lutte de tous contre tous. L'Enfer est en effet pavé de bonnes intentions.

" On peut louer Hannah Arendt d'avoir rompu avec l'idée d'une pente fatale qui conduirait à la mise en place inéluctable d'un univers dominé par le principe d'utilité(...)La considération des "risques globaux" pesant sur l'environnement et sur l'espèce humaine vient accroître l'urgence de cette rupture. Cet abandon est également rendu obligatoire par l'évolution de l'économie elle-même. On était autrefois conduit à penser l'économie comme une activité de transformation de la nature pour satisfaire les besoins humains. On voit mieux maintenant que l'économie est faite de services mutuels et inégalement valorisés, où l'homme est chose utile pour l'homme..."

Ce livre est d'un accès relativement facile (je l'ai lu): de toutes façon si on veut comprendre au nom de quoi on se fait baiser, il est urgent de laisser tomber pour un temps la littérature de divertissment et de faire l'effort (un papier, un crayon et Wikipédia pour les références suffisent) de s'attaquer à sa lecture.

Enfin, moi en disant ça je suis assez partial.

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Les éditions

  • L'homme économique [Texte imprimé], essai sur les racines du néolibéralisme Christian Laval
    de Laval, Christian
    Gallimard / NRF essais
    ISBN : 9782070783717 ; 5,47 € ; 05/04/2007 ; 396 p. ; Broché
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