Tijuana city blues
de Gabriel Trujillo Muñoz

critiqué par BMR & MAM, le 14 octobre 2009
(Paris - 64 ans)


La note:  étoiles
Aïe tequila !
Les Allusifs lancent une jolie (mais un peu chère) collection au nom évocateur : 3/4 polar.
Avec pour le moment de tout petits volumes, des opuscules minuscules.
Et c'est Gabriel Trujillo Muñoz qui ouvre le bal avec Tijuana City Blues, pour prolonger l'actualité mexicaine en cette année 2009 où la littérature de ce pays est à l'honneur.
Un tout petit polar donc, presqu'une nouvelle. Enfin, 3/4 polar comme le disait l'éditeur, car bien évidemment le fil de l'intrigue est ténu et ne sert qu'à nous guider le temps de ce petit voyage.
Un petit voyage en Basse-Californie, dans cette ville-frontière de Tijuana que l'on dit être le Las Vegas du Tiers-Monde.
Un petit voyage dans le temps également puisque l'histoire remonte jusqu'à celle de William S. Burroughs qui écumait la région au début des années 50 avec ses collègues de la beat generation comme Kerouac et Ginsberg.
Gabriel Trujillo Muñoz met en scène un avocat (Miguel Angel Morgado) défenseur des causes écolos et des indiens opprimés.
L'un des ouvriers venus refaire sa bibliothèque, demande à Morgado de retrouver son père mystérieusement disparu en 51, quelque temps après l'épisode où Burroughs tua sa propre épouse en jouant à Guillaume Tell avec un revolver (véridique).
Morgado, armé de quelques photos où l'on retrouve le père du menuisier aux côtés de Kerouac, Burroughs and co, se met en piste ... piste qui le conduira donc jusqu'à Tijuana et même aux États-Unis à San Diego de l'autre côté de la frontière.

[...] - Bon, reprit Leobardo. La fusillade que vous voulez tirer au clair a eu lieu le 8 décembre 1951. Si les journaux ont donné un compte rendu succinct, le strict nécessaire, c'est parce que l'événement s'est produit au grand jour au beau milieu de l'avenida de la Revoluciòn. On ne pouvait pas le passer sous silence, mais on pouvait l'enfouir sous quelques tonnes de terre pour éviter toute répercussion fâcheuse sur le tourisme - la seule chose qui compte ici. C'est ce qui a été fait. Les quotidiens de Tijuana en ont parlé pendant deux jours, puis ils se sont tus. Vous vous rappelez ce qu'ils en ont dit, non ?

Et la quête de Morgado est autant celle du père de son mensuisier que celle de la véritable personnalité de Burroughs ou encore des réalités mexicaines de l'époque, le long de cette frontière avec les États-Unis.
Malgré de nombreuses qualités et de multiples centres d'intérêt (polar, Mexique, années 50 et beat generation, ...) on n'a pas été tout à fait convaincus par cette petite mise en bouche. Pour garder l'appétit, on va sans doute être obligés de replonger dans Mexicali City Blues, un autre épisode du même auteur !