Alexandre Dumas ou le don de l'enthousiasme
de Raphaël Lahlou

critiqué par Jean Berthet, le 13 octobre 2009
( - 89 ans)


La note:  étoiles
Alexandre le Magnifique, par Raphaël Lahlou
Ecrite en 2006, cette biographie d'Alexandre Dumas (justement couronnée par l'Académie française) est un petit chef-d'oeuvre de sympathie vraie, de verve, de malice et d'érudition en promenade. Le livre gambade. En courts chapitres -pourtant très riches et souvent guillerets - Raphaël Lahlou offre à ses lecteurs une course complice et pleine de vivacité en compagnie du "merveilleux Dumas père."
Au vrai, l'auteur nous présente d'abord le père d'Alexandre, un général républicain mais aristocrate et créole de naissance. Disons-le tout de suite, Dumas a de qui tenir. Par moments, Raphaël Lahlou donne de joyeux coups d'épée ou de sabre contre certains excès liés à l'utilisation de la dépouille de Dumas, notamment dans les querelles liées à l'esclavage et à Napoléon. L'écrivain, visiblement, ne rechigne pas, en fidèle mousquetaire, à croiser le fer. L'époque romantique, que Dumas porte sur ses épaules de bon géant, passionne ou emballe Raphaël Lahlou. Son livre, délicieux comme un bonbon à la menthe sauvage, nous invite à découvrir une foule de personnages historiques et d'artistes. Pour ceux qui aiment déjà Dumas comme pour ceux qui ne le connaissent pas, ou qui n'aiment que ses livres, cette biographie, de manière vive, enjouée, particulièrement sensible et parfois courageuse, offre une mine joyeuse d'informations dans un style qui, lui aussi, en suivant Dumas dans sa jeunesse, ses amours, ses échauffements pour la politique, dans la construction de son oeuvre comme dans ses voyages et ses amitiés, soulève l'enthousiasme du lecteur.


Jean Berhtet.
Mini Bio, maxi costaud. 8 étoiles

Cette biographie de Dumas réussit le tour de force de parler d'une vie aussi intense que celle d'Alexandre Dumas en moins de ... 150 Pages !!!!
Même si j'ai lu la biographie d'Henri Troyat, je lui préfère celle-ci qui explore toutes les facettes de Dumas et même si Raphaël Lahlou cite quelque fois ses prédécesseurs, y compris les "Mémoires" de Dumas, on sent qu'il a fait aussi des recherches et qu'il veut donner une image aussi juste de Dumas en démolissant certains clichés, l'amitié avec Victor Hugo qui était plus sincère du côté de Dumas, la brouille du Général Dumas avec Napoléon qui est plus due à leurs divergences d'opinions qu'à la couleur de peau du Général Dumas.

Un bon livre pour découvrir un Dumas humain avec ses contradictions, dommage que l'auteur ne fasse pas une analyse plus poussée entre Dumas et son oeuvre, par exemple la biographie "Simenon" de Pierre Assouline en plus de faire découvrir Simenon à travers toute sa complexité, fait également un parallèle chronologique entre sa vie et ses romans (ce qui l'inspire, la part romancée, les procès attentés car des personnes réelles se reconnaissaient trop bien dans ses romans), ce parallèle au niveau de Dumas aurait rendu l'ouvrage plus intéressant pour ceux qui adorent ses livres, mais rien à dire sur le traitement fait à l'homme.

Killeur.extreme - Genève - 42 ans - 9 novembre 2009


Raphaël Lahlou nous rend Dumas père, un merveilleux bonhomme bien en chair et en vie ! 10 étoiles

Publiée en 2006, cette biographie me semble être passée à côté de son public. Pourtant le livre de Raphaël Lahlou est étincelant comme une rapière de mousquetaire tirée au grand soleil. Avec lui, Alexandre Dumas trouve une merveilleuse escorte. On se demande quand même ce que fait la presse, ce que font aussi certains diffuseurs ou distributeurs littéraires; né en 1992, je me passionne pour Dumas avec un engouement gamin. Je le suis à la trace, dans ses livres et dans ceux que l'on écrit sur lui. Oui, Dumas possède et offre à tous le don de l'enthousiasme (quel joli titre bien choisi)...
Le bon vivant, le joyeux, le toujours jeune et vif Dumas on le découvre dès la photo de couverture du livre, photo des années 1860 finissantes; on est épaté par le sourire et l'oeil jovial de Dumas. Ce grand enfant que son fils avait eu tout petit, on le suit depuis un roman des origines familiales passionnant - et loin du politiquement correct sous lequel on enterre souvent nos gloires nationales. Puis on cavale dans les forêts de son enfance et de sa jeunesse campagnarde. Bientôt vient le poète, le fonctionnaire fauché de Paris, le faiseur de pièces de théâtre. Enfin, sur les planches justement, les premières formes du triomphe romantique.
Le reste de sa vie et de ses romans tient de l'épopée, du haut cocasse, de la vie la plus heureuse, du combat "qui est le devoir et de la victoire qui est le bonheur" comme disait son vieux copain/rival Victor Hugo. Bien sûr, il était immodeste, le cher Alex, mais tout était bon enfant chez lui, tout était une joyeuse illustration de l'amitié fidèle. Ses romans, des Trois Mousquetaires à Monte-Cristo, de La Reine Margot au Chevalier de Maison-Rouge, ce sont d'abord des cycles parfaits de l'amitié féconde, de l'amitié vécue, ou encore trahie.
Alexandre Dumas n'a jamais de mal à personne; son oeuvre énorme, qu'on ne devrait pas laisser être massacrée par Josée Dayan à la télévision, a fait et doit faire encore à tous un bien fou.

Raphaël Lahlou réussit à nous faire vivre, via Dumas, un roman d'aventures et une page d'Histoire où tout est vrai, tout est fou. Il le fait avec une maîtrise superbe, et l'on prend en le lisant une cure rare dans la littérature actuelle: celle d'un plaisir intense et d'un plein sourire permanent... Raphaël Lahlou ne raconte pas Dumas, il le vit, et cela c'est une très forte réussite... Bravo et merci, voilà ce que l'on a envie de lui dire en refermant ce livre qui mériterait une large et bonne réédition!

Michel Orion, lecteur impatient et boulimique!

Michel Orion - - 31 ans - 28 octobre 2009


Alexandre Dumas, notre maître à tous. Un grand livre tendre de Raphaël Lahlou 10 étoiles

Finalement, j'ai de la chance: je m'appelle Morrel, et c'est dans Le Comte de Monte-Cristo le nom d'un brave type. En lisant le charmant petit livre de Raphaël Lahlou, pépite d'informations malicieuses et délicat portrait du plus romantique et du plus allègre de nos géants littéraires du dix-neuvième siècle, on se promène en merveilleuse compagnie. De temps en temps, on se dit: Raphaël Lahlou exagère. Mais non: c'est Dumas qui exagère, et Raphaël Lahlou réussit, avec une insolence qui ne peut être que juvénile et qui est jubilatoire chez les lecteurs, à le rendre à la vie, au plaisir de la lecture, aux caprices des bons vivants. Hourrah! Triplement, comme pour les Trois Mousquetaires (qui sont quatre), trois Hourrahs pour Raphaël Lahlou. Il fait sortir Alexandre Dumas du trop froid Panthéon. La compagnie de Victor Hugo, son vieil ami, réduit dans ce monument à l'état de cendres tristes, ne suffisait pas à justifier cet enfermement, cette mise au coin sans bonnet d'âne, cette punition pérpétuelle. On prend un grand plaisir à suivre, grâce à Raphaël Lahlou, la vie d'Alexandre, ce grand petit garçon constant. Sa vie est aussi aventureuse, amicalement fidèle, folle et drôle que celles, si multiples, des armées que représentent ses personnages, il est aussi joyeux, Dumas, ou pleinement mélancolique, que ses héros de romans. Plaisir, ton nom est Dumas, Alexandre tu es notre maître à tous. Saint patron rieur des enfants, des rêveurs et des aventuriers enfermés dans leur chambre comme Dantès au château d'If, tu as trouvé en Raphaël Lahlou un grand et doué serviteur. Tu vois bien que tous les serviteurs ne sont pas tous voleurs ou idiots. Un grand et merveilleux livre, à mettre entre toutes les mains de ceux qui refusent d'être dégoûtés par la littérature... Un grand petit chef-d'oeuvre!

Antoine Morrel.

Morrel - - 39 ans - 20 octobre 2009