Les hommes du pneu: Les ouvriers Michelin à Clermont-Ferrand de 1940 à 1980
de André Gueslin

critiqué par NQuint, le 11 octobre 2009
(Charbonnieres les Bains - 51 ans)


La note:  étoiles
La bataille du pneu
Ce livre est en deux tomes et raconte l'histoire de l'entreprise Michelin des débuts (tout fin XIXème) à 1980. Le premier tome étant hélas épuisé, j'ai dû me rabattre sur celui-ci, qui présente l'avantage de décrire une époque qui m'est un peu plus contemporaine.
Pourquoi s'intéresser à Michelin ? Pour moi, d'abord parce que je suis né et que j'ai grandi à Clermont-Ferrand. En ce sens, il est évident que cet ouvrage sera plus intéressant aux natifs de la région.
Mais le livre décrit plus de choses que cela :
- Le récit de la vie d'une entreprise
- Une histoire de la classe ouvrière (dont on pense trop aujourd'hui qu'elle a 'disparu')
- La description du capitalisme familial (dont un reversement de l'histoire fait aujourd'hui un modèle de gestion car il permet, loin de la dictature de l'actionnaire-roi, une gestion à long-terme)
- L'intrication de l'histoire d'une entreprise et d'une ville. A son apogée, Michelin employait 30.000 personnes à Clermont-Ferrand pour une ville de 150.000 habitants (250.000 avec l'agglomération)
- La description de la grandeur (avec sa face sombre) et de la décadence du modèle paternaliste. Il est (était ?) de coutume de dire que l'on naissait Michelin et que l'on mourrait Michelin. En effet, l'entreprise possédait, outre ses usines, des quartiers entiers de la ville qu'elle louait à ses salariés (les cités Michelin), des supermarchés (coopés Michelin), ses écoles (la Mission par exemple), ses groupes d'entraide, ses colonies de vacances, ... mais aussi la face sombre de ce paternalisme (anti-syndicalisme, flicage dans les cités par les contremaîtres, ...)
Une histoire d'hommes avant d'être une histoire d'argent, une épopée industrielle à l'heure où l'on parle de la désindustrialisation.