Confession d'un cardinal
de Olivier Le Gendre

critiqué par Pascale Ew., le 10 octobre 2009
( - 56 ans)


La note:  étoiles
L'ouragan ou la brise légère
"Si j'avait été critique et avais reçu le livre avant parution pour en faire un article dans le magazine qui m'employait, j'aurais sans doute écrit quelques phrases du genre de celles-ci : "Un cardinal à la retraite livre dans ses mémoires son diagnostic de l'état de son Eglise. Il entremêle anecdotes significatives, révélations peu connues et considérations historiques. Il s'interroge sur le sens de son action passée à la tête d'un des ministères les plus importants au Vatican, tandis qu'il finit sa vie dans un centre de soins pour enfants porteurs du virus du sida."
Je suis très étonnée que ce livre ne soit pas encore critiqué sur ce site. Il est particulièrement passionnant et extrêmement intéressant pour tout qui s'intéresse un tant soit peu à l'Eglise, à son fonctionnement, son histoire qui détermine ses façons d'agir aujourd'hui et à son futur. L'analyse qui nous est livrée est très lucide et pertinente. Elle repasse en revue toutes les erreurs commises et les remet en perspective pour se terminer heureusement par des notes d'espérance pour le futur.
Il est difficile d'en faire un résumé tellement ce livre est dense, mais l'auteur nous en fournit un lui-même :
« Il n’y a plus de chrétienté en Occident pour deux raisons. La première est que l’Eglise, malgré ses réalisations extraordinaires et sa bonne volonté, s’est décrédibilisée. La seconde est que le monde occidental, par son propre développement, a perdu bon nombre des raisons qui le poussaient, dans le passé, à croire. Vouloir reconstruire les équilibres de ce passé est impossible, naïf et même un peu maladif. Ceux qui s’y emploient gaspillent leurs énergies et augmentent la perte de crédibilité de l’Eglise et des chrétiens. En dehors de l’Occident, notre religion est encore vécue selon le modèle occidental de la belle époque. Ce modèle ne va pas tenir longtemps pour deux raisons. La première est le développement en cours de ces pays qui va produire les mêmes effets que ceux constatés en Occident précédemment. La seconde est que la mondialisation marchande véhicule une idéologie qui mine le sentiment religieux.
Cette mondialisation marchande est créatrice de conflits exarcerbés. Elle fabrique de l’injustice, de la misère. Elle provoque des déséquilibres, des traumatismes dont nous n’avons pas fini de mesurer les effets. Le monde ne possède pas les moyens de réguler cette mondialisation sauvage. Notre Eglise est la seule puissance spirituelle centralisée mondiale. Plutôt que de se tourner vers la restauration de son passé soi-disant glorieux, elle est appelée à jouer un rôle prépondérant pour tenter de proposer avec d’autres une alternative à la mondialisation marchande. Cette alternative consiste à humaniser une mondialisation qui déshumanise à tour de bras. »
A lire absolument ! Ce livre ne peut manquer de vous faire réagir, quelles que soient vos convictions.