Ma famille et autres animaux
de Gerald Durrell

critiqué par Alud, le 6 octobre 2009
( - 47 ans)


La note:  étoiles
Une certaine vision de la vie en famille à lire en famille
Lawrence Durrell avait un frère et si j’en crois « Ma famille et autres animaux », une mère, un autre frère et une sœur. C’est, ici, Gérald, (1925-1995), le plus jeune de la fratrie et célèbre naturaliste, qui nous raconte son enfance à Corfou. Le titre même du livre nous donne déjà le ton, son amour pour l’observation des tortues, scorpions, lézards et autres animaux le pousse naturellement à considérer son entourage avec le même intérêt curieux. Dire que cette famille est un peu originale est un doux euphémisme… Le récit de leur quotidien est absolument hilarant, mêlant une vision très pittoresque de Corfou, des observations passionnantes sur la faune de l’île et une chronique familiale riche en rebondissement… ( Notre vision du célèbre écrivain, Lawrence Durrell, auteur du « Quatuor d’Alexandrie » en est à jamais changée !). Le charme du livre tient sans doute au fait que l’auteur a su garder la vision d’un narrateur de 10 ans, tout à la fois pleine de fantaisie, d’humour et de fraîcheur. Merci à Gallmeister d’avoir réédité ce classique de l’humour anglais….
Délicieux, en effet 10 étoiles

Ce livre est un enchantement, la drôlerie et l'humour y côtoient à chaque instant la plus redoutable précision. L'enchevêtrement de la comédie de mœurs et des détails animaliers en fait toute la saveur. Nous retiendrons la réhydratation d'urgence des serpents dans la baignoire et l'élevage personnel de bébés scorpions par l'auteur, et la confrontation des mœurs anglaises aux réalités grecques de l'époque:
"Une salle de bains? Mais pour quoi faire, n'avez vous pas la mer?" Différences de point de vue assurant également le grand succès de la sœur de l'auteur auprès de la gent masculine du fait de l'étroitesse de son maillot de bain.
Larry Durrell, auteur à succès, se voit aussi tailler un joli costume par son petit frère, qui signale entre autres qu'il a failli incendier le domicile familial.

Je citerai ici la conclusion de l'ouvrage:
"Qui d'autre que toi, mon chéri, pouvait m'envoyer des pélicans?"

LisbethK - - 58 ans - 23 novembre 2016


Humour et animaux... 10 étoiles

...autrement dit un cocktail antidépresseur, destiné à tous les âges (disons à partir de 12 ans), réservé néanmoins à ceux qui s'intéressent un tant soit peu à l'observation de la nature et en particulier au petit monde animalier qui la peuple.

La critique principale a d'ailleurs fort bien rendu compte de la teneur de ce livre dans lequel l'auteur nous raconte, vingt ans après, ces fameuses années enchanteresses vécues à Corfou, au sein de l'extravagante tribu Durrell (dont il n'est pas le plus banal représentant), peu de temps avant la seconde guerre mondiale.

L'ouvrage abonde en descriptions de cet environnement paradisiaque que l'auteur nous restitue avec ce regard émerveillé de la pré-adolescence et qui fut pour lui un immense terrain de jeux, un monde magique propice à la découverte du vivant et notamment de ce microcosmos et de cette faune qui passionnaient déjà le futur célèbre naturaliste.
En même temps, cette fascination, il a su nous la faire partager au travers d'un art descriptif accompli, d'une prose imagée et très évocatrice, tour à tour empreinte d'une poésie enchantée (la scène de la rencontre avec Mme Kralefsky par exemple ou "La féerie des lucioles"...) ou d'une rigueur et d'une précision entomologiques (le combat épique entre la mante et le gecko). Dans la première traduction française, il avait été d'ailleurs choisi un autre titre "Féeries dans l'île".

L'autre aspect, tout aussi présent, est celui de la relation des petits évènements ou incidents de la vie quotidienne et des comportements individuels des autres membres de la famille (ou personnages hauts en couleur qui gravitent autour) certains confrontés au décalage des mœurs locales ou le plus souvent en but aux désagréments causés par la passion de notre petit héros. Tout cela donne lieu à des scènes désopilantes et nous est toujours raconté avec un humour qui ne cesse de nous faire sourire.
Par ailleurs, comme le laisse entendre Alud, le frère aîné Lawrence (Larry) n'y apparaît pas sous un jour très sympathique mais comme un personnage alors plutôt timoré, fat et égoïste doté néanmoins d'un humour cynique redoutable.

L'ouvrage a été un best-seller à sa sortie et se voit sans cesse, nous dit-on réédité depuis; il aura constitué pour moi un intermède de lecture agréable et rafraîchissant. Et quel plaisir de savoir que ce n'est que le premier tome d'une trilogie dite "de Corfou" dont les Editions de La Table Ronde ont eu la bonne idée de nous offrir une traduction revisitée (*) des deux premiers tomes et la première traduction française du dernier "Le jardin des dieux". Du bonheur en perspective!

(*) C'est dans cette version que j'ai lu celui-ci.

Myrco - village de l'Orne - 74 ans - 31 mai 2014