Reines et favorites : Le pouvoir des femmes
de Benedetta Craveri

critiqué par Veneziano, le 1 octobre 2009
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Charme, lutte d'influence et disgrâce
Une Reine ou une favorite doit être belle, jeune et spirituelle pour profiter pleinement de l'influence sur la Cour et, avant tout, sur le Roi, et d'en jouir pleinement. La perte de ces qualités vaut l'éloignement ou la mise au couvent. C'est un peu la morale, ou au moins la conclusion, qui peut être tirée de cette série de portraits, incisifs, ironiques et bien écrits, ce qui est à noter pour une traduction.

Ces règles connues, les femmes de cour, du premier cercle du Roi, arrivent à influencer le monarque, pour devenir presque pleinement décisionnaires. De cette aristocratie phallocrate et amorale, il est loisible d'en tirer une comparaison avec les régimes orientaux débonnaires de harem, ce que l'auteur, une historienne italienne, sorte de symétrique de Stendhal, vient à opérer à plusieurs reprises.
Ces portraits sont effectués de manière vivante, au moyen de suspense, ce qui est d'autant plus fort qu'ils sont plutôt courts, au point que leur brièveté devient un motif de regrets, chacune pouvant donner lieu à une biographie.

Cet ouvrage est très pratique, et on sent l'historienne au grand sens pédagogique, qui sait donner goût à sa passion : elle dresse pour ses lecteurs des méga-fiches, qui permettent d'éclaircir la confusion entre ces favorites illustres, de mieux connaître le rôle des Régentes et Reines, parfois peu connues.
Ce livre tient en haleine et peut s'avérer utile pour les lycéens et étudiants.
Eminences grises "en jupons" 9 étoiles

"Derrière chaque grand homme se cache une femme". L’ouvrage en question illustre parfaitement cette citation. Car les Rois de France, plus que tout autre peut-être, ont eu dans leur entourage une femme d’exception.

Pourtant, à la Renaissance, les femmes étaient sous l’autorité de leur époux et privées de statut juridique propre. Il leur était donc bien difficile d’assumer une charge ou de disposer d’un bien en leur nom propre et encore plus d’envisager d’avoir une influence quelle qu’elle soit sur le pouvoir en place.

Quelques-unes parviendront tout de même à quitter leur lit de Procuste pour profiter un peu de la chaleur prodiguée par la lumière royale. Fortes de leur ambition, de leur beauté et de leur intelligence, elles parviendront à s’imposer dans un monde d’hommes.

Il y eut bien sûr des infortunées comme Madame du Barry, qui connut le Rasoir national, ou encore comme Gabrielle d’Estrées qui mourut à deux doigts de se faire épouser. Il y en eut qui menèrent leur barque mieux que d’autres, telles Diane de Poitiers, Mme de Maintenon (qui s’est fait une longue place au Soleil) et Mme de Pompadour. Cette dernière a eu un véritable rôle culturel et, dans une moindre mesure, politique dans la direction du pays. Quant à une certaine Mme de Montespan, elle était terriblement ambitieuse, tellement prête à tout, même à vendre son âme au diable.

Mais n’oublions pas les épouses titrées et attitrées, vertueuses ou non : Catherine de Médicis, Anne d’Autriche, Marie de Médicis, Marie-Antoinette,… quelques-unes vécurent tristement, d’autres sottement, etc.

Parmi ces femmes, quelques-unes auront un succès qui ne se démentira jamais, d’autres connaîtront quelques revers de fortune ; mais toutes, à un moment donné, ont gravé leur nom dans l’Histoire, laquelle les associera toujours de près ou de loin au pouvoir royal, qu’elles aient été favorites ou épouses devant Dieu.

Dans ce gros plan sur une société hypocrite, phallocrate et immorale mais fichtrement passionnante, l’auteur(e) a une démarche des plus pédagogiques en faisant traverser au lecteur une galerie de portraits féminins, dans l’ordre chronologique.

Miss teigne - - 42 ans - 28 juillet 2010