Le réflexe de survie
de Étienne Davodeau

critiqué par Dirlandaise, le 27 septembre 2009
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Quand monsieur Mésange s'en va à la pêche...
Ah bien voilà ! Je retrouve Étienne Davodeau tel que je l’aime ! J’ai tout aimé de cet album, l’histoire comme les personnages. Ici, l’auteur recrée un petit monde qui gravite autour d’une vieille gare de province. Le chef de gare se nomme Antoine Monnier. Il héberge un sans-abri du nom de Tolsky dont l’activité préférée est d’invectiver moqueusement les voyageurs qui partent travailler le matin et rentrent le soir. Ses cibles préférées sont madame Murzeau avec ses gros seins, monsieur Boccara et surtout un vieux fonctionnaire répondant au nom de monsieur Mésange qu’il essaie de convaincre de prendre une journée de congé en douce et de partir à la pêche histoire de profiter un peu de la vie avant qu’il ne soit trop tard. Bref, la vie se déroule assez paisiblement dans cette petite gare menacée de fermeture jusqu’à ce qu’un jeune homme à l’allure louche commence à traîner dans le coin et à suivre monsieur Mésange avec assiduité.

Vraiment bien cet album. Je reconnais les personnages plus vrais que nature typiques d’Étienne Davodeau, des personnages attachants et qui pourraient très bien exister dans la réalité. La complicité qui existe entre Antoine et Tolsky est belle à voir. Un beau personnage que ce Tolsky, complètement paumé, oisif et revanchard. Et monsieur Mésange en petit fonctionnaire zélé, dévoué, qui n’ose pas déroger aux règles et qui observe la même routine depuis des années. Tous ces gens se connaissent et s’unissent afin d’empêcher la fermeture de leur gare bien-aimée. C’est une histoire d’amitié, de solidarité sociale, de politique, de magouilles et de liberté que nous offre Étienne Davodeau avec tout le talent qu’il possède. Cette fois, il m’a séduite et j’ai marché à fond. J’ai lu avec beaucoup de bonheur et j’ai admiré les dessins, en particulier ceux de la page 51 qui sont absolument magnifiques. Une histoire complexe, bien présentée, qui m’a ravie. Je donne cinq étoiles car rien ne m’a déplu et tout m’a enchantée.

« Mais allez-y ! Allez travailler ! …Et quand vous y serez, le licol au cou, pensez à l’extérieur, au soleil et au vent tiède ! Pensez à cette journée de plus que vous laissez filer… encore une journée morte !... et regardez ! Parmi tous ces pauvres cadavres, se dressent mes jours à moi, libres, lumineux et disponibles ! Vous sacrifiez vos plus belles années ! On vous ment ! On peut très bien… — Ça suffit Tolsky… »