Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie de Nick Flynn

Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie de Nick Flynn
( Another bullshit night in suck city)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Soldatdeplomb4, le 18 septembre 2009 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 34 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 063ème position).
Visites : 4 089 

Qu'est-ce que la figure paternelle?

Tout ce roman autobiographique tourne autour de la figure du père de l'auteur Nick Flynn. Après des années sans se voir, le père et le fils se retrouvent au Pine Street, un foyer pour SDF où travaille Nick et où Jonathan (son père) est recueilli. Mythomane, paranoïaque, alcoolique, Jonathan Flynn est à la rue depuis des années et croit être le meilleur écrivain de l'histoire littéraire américaine, quand bien même il n'ait écrit aucun livre, bien qu'il soit persuadé que si.

Sans larmoiements, Nick Flynn nous livre le récit de cette relation tumultueuse et sporadique avec son père, et nous donne à voir également sa jeunesse tumultueuse, entre errance, drogue et alcool. Dans ce livre, l'écriture est salutaire, que ce soit pour Nick comme pour Jonathan, pour qui le fameux livre qu'il n'écrit pas est le seul leitmotiv, la seule constante, de sa vie.

Le style est très poétique (ce qui n'est pas étonnant au vu de la bibliographie de l'auteur), parfois cru, parfois subtil. Certains passages, certaines images, sont très lourdes de sens (comme Jonathan, si fier que son père ait inventé le canot de sauvetage, alors qu'il n'est pas capable de sauver sa vie du naufrage...), mais d'autres m'ont paru opaques. A noter que la fin, les 50 dernières pages, dès l'instant où Nick se reprend subitement en main, est absolument magistrale.

A découvrir, même s'il faut déplorer des passages qui m'ont apparu sans sens, impossible à suivre et/ou à recaler dans le contexte du récit.

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Les éditions

  • Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie [Texte imprimé] Nick Flynn traduit de l'anglais par Anne-Laure Tissut
    de Flynn, Nick Tissut, Anne-Laure (Traducteur)
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070347292 ; 9,70 € ; 06/09/2007 ; 400 p. ; Poche
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"Le père de cet homme est le fils de mon père"

8 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 56 ans) - 22 juillet 2013

Le grand père de Nick a conçu un canot de sauvetage dans les années 1940, mais celui-ci ne parvint pas à sauver son fils de la noyade. Nick raconte avec justesse et sensibilité la lente et inexorable dérive de son père au fil des années, au cours desquelles il n'a de ses nouvelles qu'à travers les nombreuses lettres et diverses notes qu'il lui adresse, transformant sa descente aux enfers en une immense fresque épique digne de l'Odyssée d'Ulysse. Affabulateur grandiloquent, escroc adepte de la médiocrité, romancier sans œuvre, son père pratique le culte de la décadence programmée, persuadé d'être la victime de forces contraires qui l'empêchent de tracer son sillon de gloire dans ce pays où la berceuse de la réussite est si souvent entonnée par une cohorte d'individus hagards.

Pendant toutes ces années d'errance, sa mère s'occupe seule de lui et de son frère ainé. Elle enchaine sans relâche plusieurs petits boulots qui les maintiennent tout juste à flot. Nick grandit dans ce contexte difficile, livré à lui-même il connaît tout un tas d'expériences qui l'amène très souvent à franchir la ligne rouge jusqu'à prendre le risque de ne pas pouvoir revenir en arrière.

En 1984, une amie lui parle du foyer de Pine Street qui accueille tous les laissés pour compte de la ville. Ces damnés de la société bienheureuse convergent chaque jour vers ce seul endroit où ils peuvent espérer faire une courte pause dans leur labeur quotidien constitué de combines en tout genre pour repousser chaque jour la chute fatale. Après avoir débuté dans "la cage" où il accueille chaque soir les SDF, il parvient à occuper des postes plus importants au sein de l'association. Tout en aidant ces pauvres hères à retrouver un tant soit peu de dignité, il mesure toute la détresse de leur vie solitaire et sans avenir, eux qui ont, sans le savoir, réalisé le rêve des savants fous en devenant totalement invisible aux yeux des passants aveuglés par la lumière des néons vantant la prospérité de l'Amérique.

Un jour il voit apparaitre sur le seuil du foyer son père qu'il n'a pratiquement jamais vu depuis sa naissance. Si son frère a définitivement décidé de ne plus jamais le revoir, Nick tente de renouer des liens avec cet homme abîmé par une vie faite de mensonges. Il ignore ce qui le pousse à faire ça, peut-être est-ce afin de recoller les morceaux de sa vie en miettes, récréer la chronologie de l'histoire familiale ou tout simplement pour éviter d'être englouti par le manque de souvenirs.

Un roman autobiographique qui relate la vie d'une famille fragmentée, en étalant au soleil des lambeaux de souvenirs racornis par les souffrances et les larmes, la trame du récit est une succession d'allers et retours entre passé et présent, entre désespoirs et espoirs.

"A dix-sept ans, il m'arrive de boire avec ma mère, qui parfois montre le proverbe inscrit sur un bout de papier rangé dans son porte-monnaie – il faut se méfier des non buveurs. Ils cachent quelque chose, un terrible secret qui risque de leur échapper s'ils se soûlent. En buvant ensemble, nous apportons la preuve que nous n'avons rien à cacher."

Nicholas , comme le Tsar !

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 17 octobre 2011

" Aujourd'hui , je me retrouve à écrire un livre sur un père absent qui écrit des lettres à son fils sur le roman qu'il est en train d'écrire. Un roman dont le fils soupçonne qu'il n'existe pas . Le Grand Roman Américain Invisible."
" Le seul livre écrit sur mon père ( le plus grand écrivain que l'Amérique ait produit à ce jour ) , le seul livre jamais écrit sur ou par lui , autant que je sache , est celui que vous avez entre les mains. Le livre qu'il m'est finalement échu d'écrire , à moi , le fils."

Entre documentaire , récit et autobiographie ; Nick Flynn signe un ouvrage magnifique .
Le narrateur ( Nicholas ) en quête d'un père ; ivrogne , escroc à la petite semaine et paranoïaque. Mais un père vaisseau, nef, qui empêche l'enfant de couler.
Jonathan , un père qui ne s'aimait pas beaucoup , aux tendances autodestructrices , pas à la hauteur comme père et qui s'est changé en raté professionnel !
Jonathan qui ne cesse d'entretenir une réputation de nouveau grand poète américain mais qui est perdu ; à la dérive sur un océan illusoire.

Oeuvre d'une grande sensibilité où le monde des SDF est éclairé avec beaucoup de pudeur.
Nicholas passera 6 ans à Pine Street Inn ; le plus grand asile de SDF de Boston ; comme assistant social et y retrouvera son père , à la dérive.
Elevé par un père absent et une mère droguée , protestants dans un bastion catholique Irlandais. Une enfance entre le défilé des copains de sa mère , les coupons alimentaires et des vêtements effilochés.Une lignée maudite ?
Malgré la lente et inexorable déchéance de son père ( " il prends congé du monde " ) , Nicholas suit sa piste et tente de la ramener sur la rive.
Ce sont les gènes de son arrière-grand-père - inventeur du gilet de sauvetage - qui parlent.
" Il faut faire la paix avec son père " résume l'état d'esprit du narrateur .

Ne vous fiez pas au titre pour le moins " provocateur " .
Nick Flynn a écrit LE grand livre revendiqué par son père.
Un roman dur, cru mais empreint d'une immense sensibilité.
Une déclaration d'Amour au père comme je n'en ai jamais lu !
Un très grand livre !

Corps dépendant

7 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 7 janvier 2010

Quel titre! Volontairement accrocheur et un brin provoquant, il m'a de suite attiré. Je me suis alors plongé dans ce roman autobiographique, histoire de la relation d'un fils à un père que l'auteur n'a pas connu, car parti à sa naissance en 1960. C'est en 1987 seulement qu'ils se retrouveront dans un centre pour SDF, Nick y travaille quand survient son père, demandant refuge pour la nuit. Commence alors l'histoire de ces retrouvailles un peu cafardeuses, d'une relation à la fois d'attirance et de répulsion. Le fils découvre ce père longtemps imaginé. Alcoolique, vivant de petits coups foireux, ils ont cependant un point commun: l'amour de l'écriture. Jonathan le père s'imagine comme le plus méconnu des écrivains, avec son grand roman sous le coude qu'il n'aura jamais l'occasion de publier, Au contraire de Nick qui, lui, réussira à être édité,
Au-delà ce cette histoire personnelle, Nick Flynn décrit avec justesse le quotidien des SDF de Boston, ces êtres égarés que les passants préfèrent ignorer. « Il y a un homme dans le carton. Demain, le carton sera écrasé et jeté, on sait comme les éboueurs les piétinent pour les faire tenir dans la benne. On s'éveille dans l'herbe, trempé jusqu'à l'os, La rosée est la pisse du Seigneur, Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie », murmure mon père.
Noir, c'est noir!

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