Le football, une peste émotionnelle : La barbarie des stades
de Jean-Marie Brohm, Marc Perelman

critiqué par NQuint, le 8 septembre 2009
(Charbonnieres les Bains - 52 ans)


La note:  étoiles
Enfin un livre critique sur le foot !!
Evidemment, tous les thuriféraires du dieu football vont bondir à la lecture de cette critique (ne serait-ce qu'au titre du livre). Personnellement, je n'aime pas le football (juste que le jeu lui-même m'ennuie au même titre que le curling) et surtout le déchaînement aveugle des passions (bagarres dans les stades mais aussi peopelisation à outrance, surmédiatisation (mercato estival par exemple), ...) m'horripile.
Donc ce livre était fait pour moi. Le livre est intelligent, documenté, fouillé. On peut néanmoins lui reprocher de sursouligner certains propos inutilement. La critique sociale n'en reste pas moins tout à fait solide, avec le football en prolongement du 'panum et circenses' romain ... Deux millénaires plus tard et toujours les mêmes pulsions à l'oeuvre : pulsions profondes (Ca, pulsion sexuelle primaire, refoulements) entraînant un déchaînement de violence (réelles ou figurées avec la haine de l'adverse - version légèrement soft du nationalisme). On remarquera d'autant plus le lien avec la pulsion sexuelle primaire que les prostituées campaient déjà près du Coliseum et que des bordels géants avaient été installés lors de la dernière Coupe du Monde ... Eternel aller/retour entre Eros et Thanatos.
Les analyses des dynamiques de foule sont également très appropriées car elles sont au coeur du mécanisme à l'oeuvre ici, que les foules soient physiquement rassemblées ou virtuellement connectées (TV).
Il est étonnant de constater que ce livre peut être vu comme le pendant du livre de Debray sur les "Communions Humaines" où pour lui le sacré s'est déplacé des événements religieux vers des événements païens ... comme les matchs de football.
Exutoire des basses pulsions d'un côté, recherche de sacré de l'autre ... Où est la vérité ? Ou peut-être les deux visions sont-elles la vérité ?