Bande originale de Rob Sheffield

Bande originale de Rob Sheffield
( Love is a mix tape : life and loss, one song at a time)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Arts, loisir, vie pratique => Musique

Critiqué par Numanuma, le 4 septembre 2009 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 063ème position).
Visites : 4 428 

Love in the mix

Avez-vous, chers lecteurs, jamais enregistré de compilations de vos morceaux préférés sur des cassettes ? J’ai des souvenirs assez précis de la quête de la BONNE cassette, TDK, Maxell, chrome ou pas chrome, etc.… Je me souviens également de la difficulté à bien caler le début du morceau avec le début de l’enregistrement, de la chasse aux espaces trop longs entre deux morceaux, aux galères des disques qui ne passent pas sur une seule face de la cassette et autres joyeusetés d’une autre époque remplacées par la facilité d’utilisation d’un graveur CD.
Je me souviens aussi du temps passé à choisir à un soin maniaque les morceaux que j’allais mettre sur cette fichue cassette, en fonction de son utilité ou de son destinataire.
Le truc, c’est que contrairement à Rob Sheffield, je n’ai pas eu l’idée d’un faire un roman…
Passons sur le titre, Bande Originale, qui ne traduit que partiellement le titre original, Love is a mix tape Life and loss, one song at a time pour nous concentrer sur le contenu, à savoir un roman génial où la tristesse et l’optimisme se partagent la vedette au son de la musique des années 90. Pour le New York Times, « ce roman, et ce n’est pas une mince affaire, est à la fois drôle et magnifiquement désespéré ».
Comment raconter la mort de son épouse et la vie de solitude qui s’en suit sans tomber dans le pathos, le larmoyant ou la confession-vérité qui fleure la psychanalyse, genre, je raconte pour témoigner, pour aider et pour passer à autre chose ? Tout simplement en restant sobre et en ajoutant une bonne dose d’humour. Rob, dont c’est là le premier roman, est journaliste pour Rolling Stone Magazine et MTV et Renée, son épouse, est vraiment morte. Bon sang, ce type est sûrement plus jeune que moi et il a déjà eu à affronter un truc pareil !!
Pourtant voila, ce roman est fondamentalement optimiste ! Chaque chapitre porte le titre d’une compilation faite par lui ou par Renée, compilation que l’on peut voir au-dessus de l’incipit de chaque chapitre : une boite rectangulaire avec des lignes pour y mettre les titres des chansons. Personnellement, j’ai toujours galéré avec ça, j’ai une calligraphie trop moche pour que ça tienne sur une si petite ligne…
Passons.
L’histoire d’amour de Rob et Renée est liée à la musique, probablement leur seul point commun, leur histoire est liée à ces cassettes pour faire la vaisselle, pour les jours de pluie, pour faire l’amour, etc. Et c’est toute l’histoire de la musique des années 90 qui remonte à la surface mais pas seulement. REM ou Pavement, Nirvana, Soundgarden, Pearl Jam sont cités mais également des groupes des décennies précédentes comme les Beatles ou Lynyrd Skynyrd.
Sur l’ensemble des groupes ou artistes cités, beaucoup me sont inconnus, je dois bien le reconnaître. A l’inverse, il y en a quelques uns que j’ai un peu honte de connaître : Kriss Kross, Paula Abdul (oh là là, j’avais un album de cette nana, en cassette, Enigma (de la musique pseudo mystique au synthé et là j’avais le CD et je trouvais ça génial ; pardonne-moi Elvis…) ou pire, là, page 117, il est écrit Jordy avec Dur dur d’être un bébé !!! Comme quoi, si on veut, on peut envahir les USA, il suffit de bien choisir son arme. Comment ont-ils pu entendre parler de cette escroquerie franchouillarde, là-bas à Charlottesville ?
Le grand point fort de ce roman est d’être à la fois une réflexion pleine de lucidité sur les joies et les peines d’une relation amoureuse tout en dressant un tableau très fidèle de ce que cela voulait dire d’être jeune dans les années 90 sans faire une fixette sur Nirvana, ce qui n’est pas simple tant ce groupe a marqué son époque. Bien sûr, on peut ne pas partager les goûts de l’auteur, on a le droit de penser que la musique n’est pas moins excitante maintenant qu’à l’époque, reste que le tableau est fidèle à l’original.
Nous avons tous tendance à magnifier un morceau quand il est lié à un événement particulier de nos vies, Rob a tiré le fil jusqu’au bout et nous raconte son histoire d’amour pour Renée et pour la musique. Chaque chapitre est un élément de la partition et chaque morceau le prisme à travers lequel Rob et Renée voyait le monde.

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Les éditions

  • Bande originale [Texte imprimé], la vie et la perte, une chanson à la fois Rob Sheffield traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabrice Pointeau
    de Sheffield, Rob Pointeau, Fabrice (Traducteur)
    Sonatine Editions
    ISBN : 9782355840203 ; 19,00 € ; 19/03/2009 ; 233 p. ; Broché
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La vie est une compilation

8 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 1 août 2010

Tous ceux qui ont aimé la délicieuse atmosphère de " Haute fidélité", le roman de Nick Hornby aimeront certainement ce "Bande originale". On ressent ici cette même passion non feinte pour la musique et ce qu'elle peut signifier dans nos vies.
En écrivant le récit émouvant de son histoire d'amour trop vite interrompue avec Renée, Rob Sheffield ne cesse de digresser sur la musique américaine des années 90 et d'évoquer ce qu'a ressenti toute une génération avec l'apparition de groupes tels que Nirvana, REM, Pavement, Pearl Jam, mais aussi le succès du rap avec Missy Eliott ou encore Notorious BIG. C'est la musique qui est à l'origine de ce couple improbable et qui le fait tenir.
Il est vrai que le couple a instauré en véritable mode la création de cassettes compilations.
Et nous de nous rappeler notre adolescence, celle justement où l'on faisait des compilations de tous ces groupes.
Pour cet auteur, journaliste au magazine Rolling stones, toutes les occasions sont bonnes pour créer une compilation: une rupture, l'éveil d'un amour, la cassette de relaxation, celle pour faire la vaisselle,.. Parce que la musique est attachée à chaque moment de nos vies"Les périodes que vous avez vécues, les gens avec qui vous avez partagé ces époques, rien ne leur redonne vie aussi bien qu'une vieille compilation. Chacune d''entre elles raconte une histoire. Rassemblez-les, et vous avez l'histoire d'une vie."
"J'estime que lorsqu'on enregistre une cassette, on écrit l'histoire...On construit quelque chose de neuf à partir de son butin malhonnêtement acquis."
"Transmettre la musique est un besoin humain fondamental et, quelle que soit l'évolution de la technologie, la musique continue de se diffuser"
Quelques-uns des aphorismes définitifs contenus dans ce livre à la fois joyeux et mélancolique, sans compter qu'il permet de (re)découvrir quelques-uns des grands morceaux du rock. Bref, un roman à la bande originale parfaite

A mettre entre toutes les oreilles

8 étoiles

Critique de NQuint (Charbonnieres les Bains, Inscrit le 8 septembre 2009, 51 ans) - 1 novembre 2009

Rob Sheffield est un journaliste musical de Rolling Stones, un type de la même génération que moi ou presque (il est né en 1966), ce qui permet une identification générationnelle évidente. C'est un dingue de musique (logique vu son métier ...). Il nous ramène au bon vieux temps de la cassette audio, de la Maxwell TDK, des cassettes que l'on avait achetées et que l'on trouvait pourries alors on mettait un bout de scotch sur les trous pour ré-enregistrait par-dessus, des compils que l'on faisait en pompant péniblement d'un magnéto à l'autre ou que l'on enregistrait sur la radio, en mettant le magnéto sur enregistrement et pause et où devait lâcher le bouton pause au moment fatidique et où on râlait parce que, invariablement, le DJ coupait un bout de la chanson ou racontait des conneries dessus. Un temps révolu, celui de la musique "rare" qui a été complètement remplacé par la musique-robinet du temps du MP3. Ceci dit, la compil' n'a pas encore complètement disparu. Elle survit dans les playlists iPod ou YouTube.
Rob Sheffield écrit une (auto)biographie dans lequel il raconte sa jeunesse et sa vie de jeune adulte, son obsession pour la musique et les compils, comment ces dernières lui servaient à tout : draguer une fille, la larguer, se faire remarquer, exprimer des sentiments qu'il ne pouvait exprimer d'une autre façon.
Et surtout sa rencontre avec Renée, l'amour de sa vie, l'amour commun de la musique qui a façonné leur relation jusqu'à ce qu'elle tombe raide morte, dans sa trentaine, d'une embolie pulmonaire, et encore comment la musique a accompagné son impossible deuil.
L'histoire touchante d'une vie et d'une histoire d'amour, sur fond de la BO d'une époque : Pavement, Nirvana, Les Smiths, Veruca Salt, Sebadoh, Prince, Aerosmith, ... et encore plein d'autres que je n'ai jamais écoutés ou même dont je n'ai jamais entendu parler.
A mettre entre toutes les oreilles.

Well done...

8 étoiles

Critique de Math_h (Cahors, Inscrit le 11 août 2008, 37 ans) - 16 octobre 2009

Bon la critique étant particulièrement bien faite, pas grand chose à rajouter... Juste un petit commentaire afin de pouvoir appuyer la beauté de ce livre et vous encourager à le lire en rajoutant une deuxième note.

Un livre sur la musique, l'amour, les flirts, la mort, la vie et les fumeurs de dunhill...

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