Snob society
de Francis Dorléans

critiqué par Miss teigne, le 31 août 2009
( - 42 ans)


La note:  étoiles
Grandeur et décadence
Vanité, tout est vanité. Cette expression sied comme un gant (de soie, ils le valent bien) aux gens du monde que nous présente Francis Dorléans. Nous pourrions encore ajouter que vénalité, tout est vénalité. Que du "grand monde" au rendez-vous donné par l’auteur : Gloria Swanson, Jean Cocteau, Wallis Simpson, Rita Hayworth, Howard Hughes, John Kennedy, Jackie Bouvier, Aristote Onassis, la famille Rotshild, Cary Grant et son épouse fortunée Barbara Hutton ainsi que bien d’autres personnages connus ou moins connus mais que leur portefeuille (ou à défaut leur réputation) bien garni précède. De Londres à Paris en passant par Hollywood, le Rocher monégasque ou encore la Grèce, le lecteur papillonne de l’un à l’autre au gré de leurs rencontres. Ce microcosme composé de gens fortunés, d’aristocrates sur le déclin vivant au-dessus de leurs moyens, de parvenus devenus colossalement riches, d’acteurs beaux et célèbres, de gigolos à la recherche d’une héritière (peu importe qu’elle ne soit belle que de dot*), s’entrecroisent. Tout ce "petit" monde se côtoie, se mélange, se convoite, se méprise. Luxe, stupre et volupté. Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas ici d’une étude sociologique portant sur le snobisme et la vie mondaine mais plutôt d’anecdotes croustillantes et scandaleuses dont les gens du monde des années 20 aux années 70 sont les héros.

Aussi riche que l’on soit, les préoccupations restent triviales. Sexe, drogue et Rock’n’Roll. Ce ne sont pas tant les mœurs débridées qui dérangent que le manque d’argent et l’absence de particule car les gens riches aiment les gens riches sans distinction de race ni de sexe. Presque, mais encore ? Tous se montrent bons acteurs et masquent une réalité peu reluisante derrière le clinquant et les faux-semblants. Les unions se font et se défont. C’est que le mariage pour les gens du monde est comparable à une profession, il doit être rentable.

La majorité trouve époux ou épouses pour éponger des dettes et pour masquer des penchants dérangeants. Heureusement, l’homosexualité est à la mode… lorsqu’elle reste une expérience ponctuelle et itinérante. Hollywood, fabrique d’étoiles, étant par exemple particulièrement homophobe. Un certain nombre rejoignent les rangs des homos refoulés tandis que d’autres, plus rares, ne luttent pas contre leur nature… Cary Grant en serait-il ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non…

Et c’est ainsi que même les contes de fées s’écroulent, dans une société particulière où les "boîtes de nuit occupent la place des salons du XVIIIe siècle", snobisme et libertinage compris. Et si même les épousailles de Grace Kelly et de son prince charmant Rainier régnant sur le Rocher endetté n’étaient ni spontanées ni romantiques ? Il faut dire que Marilyn Monroe était par trop vulgaire, appétissante tout au plus, il valait mieux choisir une icône du bon chic bon genre pour redorer le blason monégasque.

Francis Dorléans, ancien chroniqueur pour Vogue, raconte le côté pile de la vie mondaine d’une certaine époque, son côté le moins éblouissant. Beaucoup d’anecdotes parfois triviales font partie du menu. Les quelques dialogues manquent toutefois de crédit. Dommage, y compris pour les trop nombreuses fautes d’orthographe qui ponctuent le récit. Décidément, les maisons d’édition, ici Flammarion, ne sont plus ce qu’elles étaient.

De cette lecture, on retient une chose essentielle, la snob society se caractérise par l’arrogance, l’amour de la richesse et du pouvoir ainsi que par… la mauvaise éducation. Car la classe, elle, ne s’achète pas.

* Pierre Assouline dans "le Portrait"