Candelaria ne viendra pas de Mercedes Deambrosis

Candelaria ne viendra pas de Mercedes Deambrosis

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 21 août 2009 (Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans)
La note : 7 étoiles
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Elle ne rentrera pas ce soir …

« Elle se sentit envahie par la peur. Un taxi passa, en maraude, mais malgré le hochement de tête du chauffeur, elle ne le héla pas.
Il était près de cinq heures. Elle se remit à marcher décidée à trouver l’arrêt de bus. En chemin elle croisa des enfants qui sortaient de l’école et deux noirs.
Elle les regarda longtemps. Ils avaient l’air d’avoir froid dans leurs manteaux étroits et élimés.
Elle dut attendre le bus plus d’une demi-heure. Il y eut un embouteillage.
…/…
Un camion la dépassa dans un bruit assourdissant. Lorsqu’il se fondit dans l’obscurité, elle songea qu’elle ne savait pas ce que le mot liberté voulait dire.
Quand elle vit les feux approcher, elle fit un pas en avant et leva la main. Le camion se mit à freiner, mais il la dépassa et elle dut courir une dizaine de mètres avant d’arriver à la hauteur de la cabine. Il faisait très froid et très sombre. »

Très très court roman, en fait nouvelle isolée, de Mercedes Deambrosis.
La madrilène de quarante-huit ans dont Mercedes Deambrosis nous narre une journée – une journée particulière - n’a pas de raisons fondamentales de remettre sa vie en question. Elle mène une vie de femme au foyer, un foyer aisé avec un mari qui a un poste élevé dans une banque, des enfants maintenant grands dont elle a encore à gérer le quotidien ; pas ce qu’on pourrait qualifier de galère absolue. Ca, c’est le côté face.
Côté pile, son mari « lui aboie dessus », ses enfants ne la respectent pas, elle n’a pas vraiment de vie propre. Le quotidien se borne à « faire tourner » la maison, et à n’être pas reconnue pour ce qu’elle est.
Elle a quarante-huit ans :

« Mon Dieu, quarante-huit ans. J’ai attrapé quarante-huit ans », pensa-t-elle. L’énormité du chiffre énoncé lui fit ouvrir les yeux.
« Quarante-huit ans, c’est trop pour quelqu’un d’aussi jeune que moi … »

et ce jour-là, son employée de maison, Candelara, ne vient pas. C’est le détonateur, et en 52 pages, Mercedes Deambrosis nous décrit la prise de décision et la mise en œuvre de cette décision de cette madrilène qui quitte son confort sans saveur pour un ailleurs inconnu et dont nous ne saurons d’ailleurs rien …
Curieusement, ce petit ouvrage fait écho dans ma mémoire à des nouvelles d’une autre femme, iranienne celle-ci (rappelons que Mercedes Deambrosis est française née en Espagne) : Zoyâ Pirzâd, « Comme tous les après-midi », où des quotidiens de femmes étouffants d’ennui sont narrés. Avec pas forcément la même conclusion.

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