Est, Ouest
de Salman Rushdie

critiqué par Tistou, le 5 août 2009
( - 67 ans)


La note:  étoiles
9 nouvelles
Neuf nouvelles réparties en trois groupes ; Est, Ouest et Est, ouest.
Salman Rushdie, né à Bombay, vivant en Angleterre, met ici à profit sa double connaissance de cultures si différentes. De l’Inde, à l’Est, du continent européen, à l’ouest, puis d’interactions entre individus venant d’est et d’ouest.
Les plus réussies, à mon sens, sont celles de l’est, en Inde. L’originalité, la morale piquante, y sont plus marquées, plus naturelles ; notamment la première, ma préférée : « Un bon conseil est plus rare que des rubis », avec Miss Rehana qui vient chercher un visa à un Consulat anglais situé en Inde, sans plus de précisions. Miss Rehana qui a été mariée très jeune à un travailleur indien vivant en Angleterre et qui s’apprête – sous condition d’obtention du visa – à le rejoindre là-bas. Alors il y a Mohammed Ali qui se propose comme entremetteur pour « assurer le visa ». Mohammed Ali qui ne comprendra pas tout de suite et qui finira heureux comme jamais du sourire de Miss Rehana à son départ, dans une fin réjouissante et inenvisagée.
A l’ouest, c’est plus laborieux, plus en rapport avec l’Histoire, ou avec la Littérature européenne (Shakespeare mis à contribution), moins spontané et accrocheur. Même Christophe Colomb et la Reine Isabelle d’Espagne sont mis à contribution dans une nouvelle qui m’a plutôt laissé froid.
Dans est, ouest, du bon du moins bon. Le bon avec la dernière « Monsieur Machin », où deux immigrés d’origines divergentes se rencontrent en Angleterre ; Mary-mais-oui-mais-oui, indienne, et Mecir qui vient de derrière le Rideau de fer. Petites gens en Angleterre pour une petite histoire touchante.

« Mary-mais-oui-mais-oui nous quitta à la mi-juillet. Mon père lui acheta un aller simple pour Bombay, et la douleur de la séparation assombrit ce dernier matin. Quand on descendit ses valises, Mecir le concierge avait disparu. Mary n’alla pas frapper à la porte de sa loge, elle sortit sans jeter un regard à l’entrée aux lambris de chêne fraîchement cirés, aux miroirs et aux cuivres étincelants ; elle monta à l’arrière de notre Ford Zodiac où elle resta assise bien droite, son sac sur les genoux, regardant fixement devant elle. Je l’avais connue et aimée toute ma vie. Qu’importe ton fichu concierge, voulais-je lui crier, et moi ? »

Pas un grand ouvrage impérissable, comme « Shalimar le clown ». Un honnête recueil de nouvelles.