L'île sans sourire
de Enrique Fernandez

critiqué par BMR & MAM, le 4 août 2009
(Paris - 64 ans)


La note:  étoiles
Les pêcheurs ont la vie dure
Jolie découverte que cette Île sans sourire, une histoire aux parfums de soupe miso écrite par un ... uruguayen, Enrique Fernandez.
Amateurs de Miyazaki précipitez-vous sur cet album ! Une japoniaiserie savoureuse, ... encore que l'histoire pourrait se passer ici ou ailleurs.
Un dessin proche de l'animation (l'auteur en vient, parait-il) et un conte onirique peuplé de créatures inquiétantes ou délicieuses.
Un triste géologue torturé par son passé débarque sur l'île de Yulkukany. Il y rencontre une étrange petite fille, Eli, seul rayon de soleil (et seul sourire) sur cette île sombre où les familles de pêcheurs ont la vie dure.
Leur rencontre nous vaudra quelques planches superbes.
Comme cette version améliorée des roses et des choux :

[...] Pendant que les hommes sont en mer, les femmes se mettent à grossir pour faire de la place dans leur ventre aux graines de bébés. Les graines de bébé se trouvent dans les entrailles des baleines. On les plante à l'intérieur des femmes, et là, elles poussent et deviennent des personnes. Mais maintenant il y a moins d'enfants à Yulkukany parce qu'on ne pêche plus de baleines depuis longtemps, et les graines de bébés, on ne les trouve que dans les gros poissons, comme les thons.

Ou encore une planche magnifique (qu'on ne vous dévoilera pas) qui met en scène des fleurs, des oiseaux et la petite Eli (décidément, il est encore question de graine !) :

[...] Pour protéger leurs graines contre les oiseaux des alentours, les fleurs ont construit un grand bouclier. Elles savent que quand il y a de l'orage, il y a beaucoup de vent. Alors, quand elles entendent le tonnerre qui se rapproche et qui résonne de plus en plus, elles projettent leurs graines le plus haut possible. Les fleurs comptent sur le vent pour emporter les graines loin des oiseaux et faire pousser d'autres champs de fleurs ailleurs. De leur côté, les oiseaux en profitent pour se nourrir et apprennent à leurs petits à voler sans avoir peur de l'orage. C'est merveilleux, non ?

Bientôt apparaîtront quelques créatures fantomatiques que l'on croit sorties tout droit, on l'a dit, du bestiaire de Miyazaki.
Un bel album auquel il manque peut-être un souffle épique, un rythme un peu plus soutenu ou plus fortement tenu, pour nous emporter définitivement sur Yulkukany.
De quoi nous faire saliver en attendant le prochain voyage de ce prometteur Enrique Fernandez.
Pour celles et ceux qui aiment les créatures des îles.
Un beau graphisme 6 étoiles

La principale qualité de cette bande dessinée réside en son graphisme et son atmosphère. Mystérieuse et magique, cette dernière plante la lumière dans l’obscurité, la spontanéité dans le statique. Les personnages au visage tout en rondeurs ou en angles, les créatures typées, les couleurs, les contrastes, les éléments du décor… Le tout forme une cohérence d’ambiance dense et particulière.

Néanmoins, le scénario laisse davantage un sentiment d’inabouti. Plusieurs questions restent sans réponse, plusieurs aspects du récit auraient peut-être pu être approfondis… Sensation d’inexploré dont on voudrait bien se défaire.

"L’ile sans sourire", c’est une agréable plongée dans un univers contrasté et étrange, malgré ses quelques zones d’ombre.

Bluewitch - Charleroi - 44 ans - 5 novembre 2011


Assez imprévisible 6 étoiles

Un homme au lourd passé arrive sur une petite île désolée de baleiniers (sans baleines) « oubliée de tous ». Il a bien l’intention de ne pas se laisser contaminer par la gaieté d’une petite fille toute pleine d’imagination qui le suit partout....

Une bande dessinée avec des dessins qu’on dirait sorti tout droit d’un film d’animation japonais. Intéressant, différent, bien que je n’ai pas trouvé ça toujours beau visuellement. Surtout les expressions des visages, c’était trop pour moi, mais j’ai bien aimé la fantaisie du reste. Il y a certains éléments à quoi je ne m’entendais pas et ça a été très apprécié. Ça aurait pu être mieux à mon avis, mais je m’entendais à pire.

Nance - - - ans - 4 août 2011