Torturez l'artiste !
de Joey Goebel

critiqué par Bluewitch, le 3 août 2009
(Charleroi - 44 ans)


La note:  étoiles
Un sens particulier du désastre.
A une époque de fast-food culturel, d'indigestion musicale, cinématographique et littéraire - où "consommation" devient le maître-mot et "qualité" une option ultra-négligeable -, le PDG richissime d'une société infiltrée dans tous les domaines veut se racheter une conduite en lançant le projet "Nouvelle Renaissance".

Son but? Créer des artistes, des vrais, en les stimulant, dès le plus jeune âge, à être des créatures torturées, des créatifs soumis aux désillusions et à une morbide lucidité quant à leur condition. Et intégrer en toute discrétion ces talents dans les attentes du grand public avaleur de crasses.

Au centre du projet, Vincent Spinetti (au réel patronyme, peu heureux, de Djapushkonbuttum), "pris en main" dès sept ans par Harlan Eiffler, son manager. C'est Harlan qui nous raconte Vincent. Et qui nous raconte comment, au fil des années, il s’ingéniera à rendre la vie de Vincent insupportable. Né dans un cadre social extrêmement défavorisé, Vincent, intelligent et talentueux, verra ses espoirs ruinés, enchaînera les relations vouées à l'échec, sombrera dans l'alcool et la drogue. Mais son talent, lui, ne fera que croître, laissant à son existence le soin de devenir un enfer.

"Torturez l'artiste !" est un roman brillant, écrit magistralement, caustique et dévastateur. La culture d'abrutissement de masse en action aux USA y prend allègrement pour son grade, Joey Goebel touillant sans ménagement dans la boue écœurante d'une stagnation artistique dont les enjeux ne sont plus, aujourd'hui, quasiment que financiers...

On y croise des personnages dessinés au scalpel. Et lorsque l'auteur nous cite leurs film, série et groupe favoris, on perçoit étrangement bien plus qui ils sont...

Epoustouflant!
Artiste or not artiste? 8 étoiles

Le côté noir de ce livre agrémenté d'un humour décapant m'a littéralement conquis.
Et dire que cet auteur n'avait, à peine, que 25 ans quand il l'a écrit. Mais quelle maturité dans la construction.
Un livre excellent, à ne pas éviter car cela faisait bien longtemps que je n'ai pas eu autant de plaisir.

POOKIES - MONTPELLIER - 46 ans - 24 janvier 2010


La critique est aisée, mais l'art est difficile 5 étoiles

A travers le mythe éculé de "l'artiste maudit" selon lequel seule la souffrance peut produire des oeuvres de qualité, l'auteur présente une critique de l'industrie du divertissement et de la culture de masse dans nos sociétés modernes.
Si certains passages, par leur humour et leur dérision, m'ont bien plu, j'ai été globalement déçu par ce livre. L'écriture est loin d'être exceptionnelle, les idées avancées ne sont pas d'une grande originalité, le déroulement de l'histoire est beaucoup trop prévisible mais surtout la critique tourne un peu en rond.
L'idée du livre m'avait séduit, le résultat m'est apparu bien trop fade.
Goebel n'aurait-il pas assez souffert ?

Cyrus - Courbevoie - 47 ans - 7 septembre 2009