Mundélé de Carine Geerts

Mundélé de Carine Geerts

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Voyages et aventures

Critiqué par Becdanlo, le 30 juillet 2009 (Grenoble, Inscrit le 3 octobre 2004, 110 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (4 327ème position).
Visites : 3 817 

Tristes Pygmées

Au moment d'écrire ce commentaire sur Mundélé, me vient en tête, d'une manière insistante, le livre de Claude Levy Strauss « Triste Tropique » où l'auteur raconte son immersion chez les indiens du centre du Brésil. Dans le livre de Carine Geerts, il ne s'agit pas d'un jeune ethnologue qui part pour parfaire son métier, mais d'un agent Territoriale du gouvernement Belge dans une fonction tout à fait officielle du temps de la colonisation.

Déjà, dans les années cinquante, Claude Levy Strauss disait : "il n'est désormais plus possible de rencontrer des cultures différentes indemnes, préservées de l'acculturation massive du monde".
Mundélé se passe en gros à la même époque où les ravages de l'acculturation vont à marche forcée.

L'angle d'attaque de Carine Geerts est aussi différent puisque son récit n'est pas une étude ethnologique à proprement parlé, mais l'histoire d'un jeune occidental plongé dans un autre monde. Il ne recule pas devant les difficultés en allant bien au delà de ce que devait être sa mission, car il parcourt la forêt et la brousse irrésistiblement attiré par les tribus Pygmées. Il finit par rencontrer une jeune femme, avec qui il va connaitre une étrange relation, plus proche d’une initiation traditionnelle que d’une simple rencontre amoureuse.

Carine Geerts nous plonge dans l'univers de la forêt tropicale, où tous les sens sont sollicités… dans une aventure fantastique, mais pourtant bien réelle. On sent chez l'auteur la réminiscence de ses souvenirs d’une Afrique où elle a vécu plusieurs années et qu’elle a profondément aimée. Une Afrique où le corps et les sens sont aussi importants que la pensée qui prédomine chez nous.

Pour parodier le livre de Claude Levy Strauss ont pourrait dire "Tristes Pygmées", tant leur destinée n’a fait que de se dégrader… encore de nos jours. On ne peut que se désoler du gâchis que l’on peut observer de par le monde, de toutes ces cultures profanées par la notre.

Aujourd’hui, il est beaucoup question d’un « One World Village »… ne serait-il pas, hélas, le dernier visage de la normalisation destinée à parfaire le travail des colons et des missionnaires d’autrefois ?

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Mundélé

9 étoiles

Critique de Ishtar (, Inscrite le 13 septembre 2009, 59 ans) - 13 septembre 2009

Je viens de terminer la lecture du livre de Carine Geerts. L'histoire de Mundélé ( il s'agit en fait du narrateur Willy Thijs, un homme "blanc" ) est émouvante et passionnante. Dès le départ, le décor est planté. De plus, l'emploi du présent, de phrases courtes et d'un style simple et direct confèrent au récit un souffle particulier. De quoi s'agit-il?
Willy est envoyé en mission, du Royaume de Belgique vers le Congo pour aider des populations indigènes complètement démunies devant les maladies terribles comme la malaria ou d'autres épidémies qui causent des ravages au sein des tribus congolaises. Depuis son débarquement à Matadi jusqu'au coeur de la brousse, le lecteur peut ainsi suivre pas à pas l'itinéraire de notre héros confronté à de nombreuses difficultés. En effet, la vie dans un pays rempli de forêts et d'animaux dangereux n'est pas aisée. Surtout quand la chaleur et les pluies tropicales fréquentes au Congo rendent l'atmosphère étouffante. Malgré cela, Willy accomplira sa mission et se rendra même chez les pygmées Babingas, réputés sauvages et inaccessibles à la civilisation occidentale. Au milieu d'une nature sauvage et en même temps attirante, dans un monde de beauté et de cruauté, il saura s'attirer l'amitié des pygmées Babingas et même l'amour de Aimée Bizi Bazouma, la fille du chef Joseph Banza Mukalay. Elle saura l'initier au rite de ses ancêtres, à l'Esprit d'Edjengui et aux mystères de l'Au-delà. Il s'ensuivra une passion dévorante entre les deux jeunes gens. Un Amour irrésistible les amènera à goûter aux plaisirs mystiques et plein de sensualité, d'une liaison que rien ne paraissait en mesure de briser.
Malheureusement, les préjugés raciaux (comment une noire pourrait-elle aimer un blanc?) et l'intrusion du Père Kloos conduira au drame. L'épilogue est poignant et bouleversant. Aimée sera tuée par des policiers belges du district de Matadi, lors de leur intervention brutale contre les pygmées. Willy sera emprisonné et méprisé par ses "compatriotes" à cause de son amour pour Aimée. Jugé par une justice expéditive, il sera expulsé vers la Belgique. Avec au coeur un chagrin immense et un désespoir que rien ne saura atténuer.
En tout cas, c'est une très belle histoire qui nous montre aussi l'envers du décor des civilisations dites évoluées, avec leur racisme ouvert, leur mépris des "indigènes", et leur ignorance des coutumes et traditions solidement ancrées au sein des diverses sociétés africaines.
Même si les personnages sont fictifs comme le précise l'auteure, on sent tout le long de la narration que le Congo, lui, est bien réel. Ce qui ne lui enlève en rien de sa beauté, grâce au talent de l'écrivain.

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