Le cercle des douze
de Pablo de Santis

critiqué par Sahkti, le 29 juillet 2009
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Enquête intérieure
Nous sommes en 1889, l'époque de la grande Exposition Universelle de Paris. Loin de là, à Buenos Aires, le détective Craig a créé une Académie dans le but de former un assistant. Les candidatures reçues sont nombreuses, tant devenir l'assistant du célèbre Craig, éminent membre du Cercle des Douze, en fait rêver plus d'un. Sigmundo Salvatrio, fils de coordonnier tente sa chance. Hélas, une enquête menée par Craig tourne mal et le plus brillant de ses élèves est retrouvé mort. Craig décide de mener l'enquête en solitaire et lorsqu'on retrouve l'assassin du jeune homme pendu, les soupçons ne tardent pas à se porter sur l'homme qui entame alors une longue déchéance et envoie à sa place, à Paris, le jeune Salvatrio, en qualité d'assistant. C'est qu'une grande première doit s'y tenir, une réunion exceptionnelle du Cercle des Douze, du jamais vu!
Sigmundo Salvatrio fait ses bagages, débarque en France en n'imaginant pas dans quel univers il met les pieds. Les rancoeurs entre détectives sont tenaces et les diversités culturelles parfois insurmontables, en particulier lorsqu'un premier crime est commis...

Naviguant entre le polar et le roman, ce récit nous place dans une époque où le positivisme gagnait du terrain, au grand dam de ses opposants qui fomentaient toutes sortes de complots pour avoir sa peau. Utilisant cette enquête sur la mort d'un détective comme prétexte à une description de ces temps révolus, Pablo de Santis pousse très loin l'interrogation sur notre conception de la vérité avec, en conclusion finale, une magnifique réflexion sur ce temps qui passe et cette société qui évolue, au détriment des règles immuables qui ont permis aux codes d'honneur de subsister. Ses personnages sont attachants par leurs maladresses et non pas par empathie et c'est certainement ce qui fait le charme du roman, l'humanité de chacun à travers ses faiblesses. Il n'y a pas de véritable rebondissement, de tension palpitante ou un quelconque effet d'annonce dans cette histoire, mais plutôt une succession d'avancées sur nous-mêmes qui met en avant la fragilité de nos certitudes.
J'ai trouvé tout ceci remarquablement bien mené, écrit dans une langue accessible, vive et dotée d'un rythme plus qu'agréable. De Santis alterne les descriptions narratives et les dialogues, de quoi donner à l'ensemble des airs de film à l'allure riche et sobre à la fois. Une petite réussite !
Divertissant. 7 étoiles

Dans un roman baignant dans une atmosphère typique des auteurs argentins ( Borges, Cortazar, ..), Pablo de Santis nous livre une fable romano-policière ( néologisme ?) sur le progrès, ses détracteurs et ses tenants, sur la faible frontière entre les détectives, policiers et les assassins.
L'atmosphère argentine se ressent au travers de tous les aspects mystérieux et secrets de chaque personnage, de chaque lieu et de chaque situation.
Les détectives nous apprennent par le récit de leurs aventures les différentes façons de résoudre les mystères, qui ne sont en fait que différentes façons de voir les hommes, en fonction de la culture de chaque société.
La résolution de l'énigme n'est pas le but du roman, aussi attention aux amateurs de mystères, ils pourraient être déçus.

Senoufo - - 65 ans - 31 décembre 2009