Petit éloge de la mémoire : Quatre mille et une années de nostalgie
de Boualem Sansal

critiqué par Megamousse, le 3 juillet 2009
( - 41 ans)


La note:  étoiles
Une conclusion qui à elle seule justifie la lecture
"Petit éloge de la mémoire" est un livre de 130 pages qui se lit en deux ou trois heures, expliquant dans quelle mesure il est important que l'Histoire des pays demeure dans la mémoire collective des populations d'aujourd'hui, en ce que le souvenir du passé, la conscience des luttes et des évolutions est le ciment d'une bonne compréhension du présent et de l'attachement que chacun peut éprouver à l'égard de ses racines (concept de "nostalgie" patriotique).

Le narrateur ("je") évoque, en voyageant à travers les âges (il remonte jusqu'à l'âge d'or de la civilisation égyptienne, quelque quatre mille ans en arrière), son amour de l'Algérie, pays de naissance et de coeur, et commente les grandes étapes de son façonnement.

D'un style d'écriture simple mais de très bonne facture, je n'ai pas eu de difficulté particulière à appréhender le livre. J'ai pourtant regretté le caractère relativement indigeste d'une bonne partie de l'ouvrage, véritable catalogue de références liées à l'Histoire égyptienne, numide, puis algérienne, tout en reconnaissant que ce catalogue était sans doute indispensable - du fait de la nature-même du leitmotiv - à la préparation de la conclusion, qui donne tout son sens aux pages précédentes.

Sansal voulait sans doute démontrer, par l'abondance outragée de faits saillants et de noms propres, la pesanteur de l'Histoire et son influence déterminante sur le présent. Parce que l'Homme est intégré à un processus long dont la dimension temporelle nous échappe, nous avons une vision sensiblement biaisée de notre antériorité, limitons notre conscience au présent et oublions que celui-ci constitue le passé de demain. L'Histoire est en marche perpétuelle et ne nous attend pas. Et pourtant, elle contribue à répondre à l'un des questionnements majeurs de notre existence: savoir qui sommes.

En conclusion, mon avis reste partagé. Je n'ai clairement pas pris de plaisir à ingurgiter les 120 premières pages de ce livre. Mais l'analyse finale justifie à elle seule qu'on prenne le temps de le lire. Sans regret, donc.