Archanges (Roman a capella)
de Velibor Čolić

critiqué par Henri Cachia, le 13 juin 2009
(LILLE - 62 ans)


La note:  étoiles
Décidément rien ne change... A la guerre comme à la guerre...
L'horreur de la guerre qu'elle remonte au plus loin de nos mémoires, jusqu'à aujourd'hui ou hier, c'est toujours la même banalité horrible qui ne change, finalement, que de forme.
Velibor Colic auteur Bosniaque a déjà écrit six autres romans. ARCHANGES (roman a capella) est son septième, et premier écrit directement en français.
C'est le récit de quatre personnages dont le destin les a liés à jamais. Deux sont morts. Deux autres sont encore vivants. L'un, clochard, l'autre en prison, réduit à un tronc, ayant perdu ses jambes et ses bras dans cette guerre.
La barbarie de l'Homme est sans limite, on le sait, pour peu qu'il soit entraîné dans un engrenage qui ne cesse d'enfler avec les surenchères des uns et des autres.
Pour ceux qui ont fait l'armée, même sans avoir participé à une guerre, nous savons très bien que nous ne sommes plus vraiment nous-mêmes lorsque nous sommes en groupe et sous le même uniforme. Surtout lorsque pendant les classes, on a passé la plupart du temps à tenter de nous dépersonnaliser.

Il s'agit ici, du fameux droit du vainqueur : arriver dans un village, piller, flinguer à tout va, boire et boire encore, et enfin violer.
Trois voix sont celles de ces tristes vainqueurs, et la quatrième, celle d'une morte violée par ces trois-là, qui vient les titiller de tant à autre...
Je n'en dis pas plus...

... « La gamine était blonde, presque blanche et comme irréelle. Mince, habillée d'une robe courte, si courte qu'on voyait ses petits genoux et la tendre peau de ses cuisses. « Là, on arrête, m'a dit Le Duc, en allumant une cigarette. On va baiser ça, mon vieux. » Elle ne disait rien, la petite. Elle était dos au mur, la bouche grande ouverte. Un filet de salive, doucement, telle une limace,coulait sur son menton. Le tissu de sa robe était si fin, transparent. On pouvait voir son nombril et les muscles, si délicats, de son ventre. « Une fleur sauvage, j'ai dit émerveillé, comment se fait-il qu'une fleur de cette espèce pousse dans ce trou du cul du monde? - Rien à cirer, a conclu mon ami. Si c'est une fleur, on va la cueillir ce soir. » Ensuite, il s'est tourné vers nos soldats. « Hé les gars, ordonna-t-il, cette mignonne nous l'empalerons tonight ». Il aimait parfois ajouter quelques mots en anglais, mon ami Le Duc. « Ca fait comme au cinéma, comme dans un putain de western », me disait-il. »...