Belle Amie
de Michaël Darmon, Yves Derai

critiqué par Fabrice ROUDERIES, le 9 juin 2009
( - 50 ans)


La note:  étoiles
Une déception prévisible
J'avoue que je n'espérais pas grand-chose du livre des deux journalistes DARMON et DERAI. Sur ce point, je n'ai pas été déçu. On se souvient des scoops "bidon" de leur précédent ouvrage "ruptures" à propos de la délivrance des infirmières bulgares.
Le titre "Belle Amie" me plaisait car il faisait référence au chef d'œuvre de MAUPASSANT – J'espérai d'ailleurs y retrouver un de ces autres héros ambitieux du XIXème siècle de la trempe d'un julien Sorel ou Rastignac mais que nenni !
Sur la forme, on est loin de la qualité de Maupassant; le style est évidemment très "journalistique", d'où une qualité littéraire assez médiocre.
Sur le fond, je suis de ceux qui admettent que la démarche des auteurs n'est pas trouble… ils ont pris pour cible Rachida DATI et s'attachent à vouloir montrer les reflets les moins honorables de la personnalité de la Garde des Sceaux.
Une fois le livre terminé, on n'en retient finalement que quelques "leitmotivs", à savoir que Mme DATI est arriviste, incompétente, ingrate, manipulatrice.
Problème: la violence des propos rapportés est telle que l'on se sent finalement obligé de prendre sa défense.
Je note aussi que la plupart des informations recueillies se font sous couvert d'anonymat… d'où une certaine perte de crédibilité.
La façon d'aborder la personnalité de Rachida DATI par les auteurs et le message distillé est parfaitement contre-productif avec la thèse qu'ils ont voulu transmettre aux lecteurs.
Bien sûr qu'il y a du vrai dans ce livre; on sait que Mme DATI n'est pas arrivée au sommet du pouvoir par les réseaux de la méritocratie, mais par les réseaux tout court; par son entregent, son culot et son épatante opiniâtreté… il s'agit là d'ailleurs plus de qualités que de défauts pour moi. Il est aussi vrai qu'elle possède l'exceptionnelle qualité de déléguer les dossiers à des techniciens compétents mais, partant, cette méthode a ses limites.
Du coup, le véritable ministre de la Justice s'appelle Patrick OUART, il est quelqu'un d'extrêmement expérimenté et se trouve à l'Elysée…
Nous savons que la Ministre se trouve dans une position actuellement délicate, même vis-à-vis du Président qui connaissait ses faiblesses… alors pourquoi avoir attendu l'hallali pour mordre une nouvelle fois ? Pourquoi cet acharnement ?
Les auteurs n'en tireront finalement, que peu de gloire.
Fabrice ROUDERIES