Les graffitis de Chambord
de Olivia Elkaim

critiqué par Ddh, le 8 juin 2009
(Mouscron - 82 ans)


La note:  étoiles
Les graffitis peuvent être la mémoire des hommes
Le château de Chambord représente l’espace le plus fréquent dans ce roman, mais il n’est pas évoqué comme lieu touristique, il est le refuge d’un groupe de résistants juifs durant la guerre 40. Cà et là, les murs des salles sont recouverts de graffitis avec certains noms illustres et d’autres, ceux des héros de ce roman, pour laisser une trace de leur passage. Pour qu’on ne les oublie pas, devoir de mémoire oblige.
Olivia Elkaïm est auteure de nouvelles et d’un essai. Elle nous livre ici son premier roman, Les graffitis de Chambord, qui est sélectionné pour le 22ème Festival du 1er roman de Chambéry.
Ce roman retrace le destin de trois générations et même d’un peuple, le peuple juif persécuté par le nazisme. Il fait ressortir l’importance de la mémoire. Ces personnes exterminées avaient une vie active riche de connaissances, de témoignages à transmettre.
3 générations, 3 vies, 3 personnes : Isaac, le grand-père, son fils Simon qui a perdu la trace de son père bloqué à Chambord avec les œuvres d’art qu’il a ramenées lors de l’évacuation en 40 et Trevor, banquier d’affaires, seul, taciturne mais en quête de souvenir.
A partir d’Isaac, le lecteur revisite un petit monde juif uni dans une mixité sociale où la fraternité efface les différences de milieux, il assiste à la lente agonie de Dora, si brillante à Paris et en déliquescence dans cet espace confiné, à l’empressement de Joseph qui veut la sauver. Petit monde poussé à l’héroïsme par le destin de la guerre.
Trévor, Simon, Les graffitis de Chambord : 3 têtes de chapitre qui s’égrainent tout au long du roman, 3 moments qui se chevauchent. Ce zapping suscite à chaque fois un nouvel intérêt de lecture.
Emotions 8 étoiles

J’ai tout d’abord trouvé décousu le texte, sans vraiment de lien entre les trois personnages principaux. Puis tout s’éclaire, et le livre fait place aux émotions brutes, de ces pertes inexorables dont les livres d’histoire savent parler, mais toujours de la multitude. Ici, nous apprenons à connaître les hommes et les femmes presque personnellement, et à la fin nous sommes nous lecteurs, comme endeuillés. La tristesse couvre les mots d’un voile léger, qui nous accompagne tout du long, bercé par un vent venu d’il y a longtemps maintenant.

Rock30 - Nimes - 60 ans - 2 février 2012