Première ligne
de Jean-Marie Laclavetine

critiqué par Ngc111, le 5 juin 2009
( - 38 ans)


La note:  étoiles
Propos corrosifs
Je poursuis la (re)lecture des livres conseillés durant la période collège/lycée… avec plus ou moins de bonheur.

C’est au tour de Première Ligne de Jean-Marie Laclavetine. Pour résumer Cyril Cordouan est un éditeur colérique, un tantinet blasé qui passe ses journées à refuser des manuscrits d’auteurs qu’il nomme « écriverons » terme bien évidemment péjoratif. 90% de ceux qu’il reçoit passent à la poubelle et il ne se gêne pas pour renvoyer les auteurs à leur dépression passagère, motif du passage à l’acte de ce qu’il nomme crime (d’écrire). Jusqu’au jour où lors d’un rendez-vous avec Martin Réal, coupable d’avoir rédigé un manuscrit indigeste, ce dernier se suicide devant l’éditeur, sous le choc. Il décide alors de créer un club pour inciter ceux qu’il considère comme n’ayant aucun talent d’écriture à arrêter. Dans le même temps la veuve Réal vient le menacer de pourrir sa vie.

Laclavetine signe un roman au ton acide sur le monde de l’écriture. Tout le monde y passe, des pseudo écrivains aux succès commerciaux surestimés, aux éditeurs blasés regrettant les siècles précédents, en passant par les membres de jury … Les portraits sont cinglants et bien que les personnages tournent parfois à la caricature un peu grossière, le tout fonctionne bien. La complexité de la relation entre Cyril et sa femme, le complot mis en place par la veuve de Martin Réal, les différents liens du scénario accrochent le lecteur lui rendant la lecture facile et agréable.
L’auteur joue parfois avec la chronologie, fait passer les dialogues par des interventions du narrateur, donnant un style original au récit entrecoupé de bouts de manuscrits dont je ne peux révéler l’auteur sous peine d’en dire trop. L’humour est présent et la légèreté de ton alterne avec des propos plus corrosifs sur « l’industrie » du livre.
Après avoir lu ce livre on ne sait plus trop si l’on doit écrire ou pas (du moins pour ceux que ça intéresse), effrayé par la dureté de cet univers, par le côté addictif mis en avant dans le livre.
Bref malgré quelques critiques à l’encontre du côté caricatural de certains personnages et une fin un ton en-dessous de ce que j’espérais, je ne peux que conseiller cette lecture qui met peu de temps à prendre son rythme de croisière, et s’enorgueillit d’un scénario original.