Comment je me suis séparée de ma fille et de mon quasi-fils
de Lydia Flem

critiqué par Henri Cachia, le 2 juin 2009
(LILLE - 62 ans)


La note:  étoiles
Pour les parents qui ont du mal à se séparer de leurs enfants...
Surtout ne pas s'arrêter au titre qui fait peut-être un peu « recette ». On en est loin! Même si les toutes premières pages apparaissent un peu banales, très vite, on entre dans le vif du sujet, et alors quelle finesse...Non seulement c'est autobiographique, mais également de la très belle littérature.
L'auteure sait très bien partager avec nous ses moments de doutes d'avoir fait « bien » ceci ou cela, ou encore d'avoir négligé tel aspect de l'éducation de ses enfants. Et surtout les contradictions inhérentes à toute séparation.
A la fois, le désir de les quitter et de les garder auprès de soi. Un déchirement.
Lorsqu'on a des enfants, on pense souvent que le plus dur sera de les amener à l'âge adulte, or ce que souligne Lydia FLEM, c'est que c'est au contraire là que ça commence. Après le Bac...
Car lorsqu'ils sont tout petits, le rapport de force est inégal, et tout à l'avantage des parents. Mais ensuite...Progressivement se dessine leur personnalité, qui de plus en plus est de s'affronter à leurs père et mère, pour l'essentiel...Cela est nécessaire à leur épanouissement et à l'éclatement de leur vie...Et tout cela ne se fait pas sans heurts.
L'être humain est si complexe qu'il est souvent tiraillé entre deux désirs contraires, et tout l'art de la vie est de composer avec...De la manière la plus satisfaisante pour soi et aussi pour l'autre...Au risque de graves déconvenues.
Ne pas s'étonner donc, que Lydia FLEM a également écrit dans la même collection « L'homme Freud », « La vie quotidienne de Freud et de ses patients » chez Hachette, entre autres, ainsi que six livres de littérature.

... En deçà ou au delà de la langue, l'autre demeure un autre. Mon enfant est un autre, une autre. Aussi intimes, aussi proches soient-ils, nos enfants nous échappent. Ma fille, mon fils, sont différents de moi. Ils ne sont pas moi. Je ne suis pas eux. Altérité radicale. L'idée en est blessante, troublante, à jamais insupportable, et pourtant il faut s'y résoudre. Un jour, un jour peut-être, y parviendra-t-on.
Comment cet être dont j'avais jadis deviné – ou cru deviner – chaque émotion, chaque nécessité, se dérobe-t-il soudain à mes perceptions, à mon contrôle, à mes attentes.»...

... « Si nous faisions l'incroyable pari d'aimer nos enfants, non pas parce qu'ils sont nos enfants, mais parce qu'ils sont des êtres uniques, singuliers, étranges et merveilleux, que nous choisissons d'adopter? »...