Dièse à la clef
de Sylvestre Simon Samb

critiqué par Solange.ferret, le 29 mai 2009
( - 47 ans)


La note:  étoiles
De véritables aventures humaines!!!
Le mérite d’Internet (cette tribune libre), c’est qu’à l’opposé des grands médias publics, on est loin des discours autosuggérés, loin de ces magnats de l’Edition qui ont la main basse sur les émissions littéraires et ne font la promotion que des auteurs "bancables" qui font déborder leurs tirelires.
Beaucoup d’auteurs considérés comme "petits" ou "jeunes" mériteraient d’être connus. Et c’est le cas de l’écrivain Sylvestre Simon Samb. J’ai eu écho de son nom par le biais d’un forum. J’ai commencé par lire "humanité misérable" et j’ai adopté ses deux derniers "Dièse à la clef" et "Un parfum d’oxalides".
Personnellement, je reste persuadée que l’on entendra parler de lui dans l’avenir et ce, pour de multiples raisons. Celles-ci se résument, entre autres, par son talent, sa force d’écriture, son style dense, assez rythmé, et l’humanisme qui émane de ses œuvres.
Pour donner une idée du premier roman, je dirais que c’est l’histoire d’un homme anticonformiste, mais pas antisocial, dénommé Sève, que l’auteur plonge dans une réalité tragique, une guerre ethnique qui se déroule quelque part en Afrique. Au début du roman, la première impression qui émane du tableau que brosse cet écrivain, c’est celui d’un personnage au cœur de pierre. Un individu qui ne semble aucunement éprouvé par les massacres qui se déroulent autour de lui. Il donne l’air de vivre dans un monde à part. Et pourtant, en parcourant progressivement les pages de l’oeuvre, l’écrivain nous révèle sa véritable personnalité. A travers des récits biographiques, nous découvrons son univers, l’image d’un écorché vif, un individu que le destin n’a guère épargné.
On s’attache à ce personnage. A travers le fluide qui émane de lui, on reconnaît le tempérament ou le caractère de certains de nos proches, on associe certaines de nos convictions aux siennes et on souffre quand il lui arrive des pépins. Sans en dire plus, mon seul conseil, c’est le lire.
Quid du second "Dièse à la clef" ! A l’instar du premier, nous sommes de nouveau mis en relation avec un nouveau personnage, Maguilen, qui, par bien des aspects, ressemble à Sève. Mais le parcours n’est pas le même. Ni les évènements qui jalonnent son parcours.
Dans "Dièse à la clef" la trame du récit part d’un crime racial. Un Noir tue un Blanc. Il ne se doute pas que son fils, Kéziah, est témoin du crime. Meurtri par l’assassinat, l’adolescent fait le choix de s’exiler au lieu d’essayer d’avoir une explication ou de trouver une raison à cet incompréhensible meurtre. Mais certaines réalités qu’il semblait ignorer vont vite le rattraper, notamment cette sphère de clivage au-dedans de laquelle gravitent les relations entre les Noirs et les Blancs.
Nous conclurons avec son dernier roman "Un parfum d’oxalides". Là c’est un voyage vers les années sixties que l’auteur nous entraine. Les folles années libres. Mai 68.
Premier constat dans ce dernier ouvrage, la maturité du plume de l’auteur. On sent en lui une certaine assurance et cela transparait dans le texte. Alors qu’il osait à peine effleurer les sujets liés au sexe dans le premier et le second roman, dans le troisième la pudeur semble s’être volatilisée. Il nous y livre du sexe cru. Tout l’ouvrage ne grouille pas de galipettes, loin s’en faut, mais lorsqu’il s’y met il y va et c’est un des facteurs qui donne une idée de l’évolution de son écriture.
On retrouve dans le récit du troisième livre, quelques aspects singuliers qui renvoient aux précédents. Le premier est lié aux personnages centraux qui ont tous la particularité d’être assez intelligents, jeunes et doués d’une certaine conscience éthique et morale. Le second est lié aux décors du récit. L’auteur aime voyager dans ses textes. L’Afrique reste bien entendu sa demeure principale. Mais une résidence à partir de laquelle il aime s’envoler vers d’autres cieux et finit par revenir, comme une épouse que l’on abandonne et dans les bras de qui on finit toujours par échouer.
L’autre aspect notoire dans le troisième opus, c’est la forte sensualité que l’auteur a su peindre de son héroïne, Hermine. Elle rappelle Toolah, du premier livre "Humanité misérable" et Harissa du second "Dièse à la clef". Et la question fatale que l’on meure d’envie de poser à l’issue des lectures : mais pourquoi disparaissent-elles toutes, ses héroïnes, alors qu’on les sent fortement désirées et aimées ?!...Une part de réalité dans la vie de l’auteur ?.... Si par chance l’écrivain lit ce texte, j’aimerai bien avoir une réponse.
Quoi qu’il en soit, mon avis personnel est que ces livres valent le détour. Avis aux férus de littérature d’ailleurs. Moi, j’ai adoré.


Solange Ferret
Je plébiscite. 10 étoiles

Sylvestre Simon Samb Fait partie de la nouvelle école de littérature sénégalaise. Une jeune génération composée d'auteurs prolixes et talentueux, qui vivent en France et qui, après des pionniers comme Senghor, ont décidé de prendre la relève. Je plébiscite ses ouvrages ainsi que ceux de Mamadou Mahmoud Ndongo "Bridge Road" et "El Hadj". Ce sont des écrivains qui font de la culture afro leur cheval d'expédition et explorent divers horizons culturels et terrestres. Cela voyage beaucoup dans leurs livres. C'est dense, rythmé et parfois sauvage. Avis aux amateurs de la vraie littérature noire, de la prose exotique. On aime.

Pedre20 - - 39 ans - 3 juin 2009