Le roi des mouches, tome 2 : L'origine du monde
de Michel Pirus (Scénario), Mezzo (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 28 mai 2009
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Take a walk on the wild side...
Avec ce tome 2 se poursuit l’errance d’Eric, jeune homme « sans histoire », dans les méandres d’un quotidien cerné par l’ennui, la came et la folie. Dans la lignée du tome 1, les auteurs continuent sans faillir leur exploration métaphysique et hallucinée d’un monde en perdition, le nôtre (!), ayant pour cadre une cité-dortoir banale et anonyme, où les protagonistes se débattent chacun dans leur solitude et leurs souffrances. Comme un miroir tendu vers nous, humains dérisoires qui voulons nous croire invincibles et immortels, miroir que l’on pourra choisir de traverser si l’on ne détourne pas le regard…
Bref, « Le Roi des mouches » ne se raconte pas, il se lit… C’est un pur chef d’œuvre de poésie (sub-)urbaine et désabusée, également une passerelle entre la bande-dessinée et la littérature.

Petit extrait, histoire de mettre dans l’ambiance :

« Mr. Généro tenait absolument à me montrer le « petit paradis » où il venait s’aérer la tête entre midi et deux – un champ de céréales traversé par une ligne à haute tension avec, au loin, des collines qu’il devait prendre pour l’Olympe. Une moissonneuse turbinait à l’autre bout du champ.

Il était content parce que l’endroit n’était qu’à 10 minutes de son boulot et tout proche de la route. Parfois, une saute de vent rabattait le bruit de la circulation vers nous. En un sens, ça me touchait qu’il appelle un coin aussi glauque, paradis. Cela dit, le ciel était bleu. »
Noir c'est noir! 9 étoiles

Quatre années, il aura fallu attendre quatre ans pour avoir la suite du "roi des mouches" ,- je ne dis pas connaitre la suite car le suspense n'était tout de même pas si insupportable que cela à la fin du premier opus-.
On retrouve le personnage d'Eric dans un univers toujours aussi glauque: boissons, sexe, trafic ; mais aussi les petites chroniques autours des personnages (d'ailleurs la galerie de personnages s'étoffe dans ce volume, comme David, Mr Généro...) évoluant dans des décors dessinés à la règle.
C'est carré, d'ailleurs tout est carré: le dessin, les rares phylactères, les récitatifs, le scénario! Car il n'y a pas ou peu de bulles mais des récitatifs intérieurs qui donnent au récit un caractère encore plus oppressant.

C'est toujours aussi sombre, aussi malsain, noir très noir mais superbement dessiné.

A noter que ce second volume est édité par Glénat (collection Drugstore) après l'avoir été par Albin Michel (pour le premier volume). Glénat a conservé le même format et la même qualité de papier que l'éditeur précédent. Seuls changement notables: le prix et la numérotation des pages.

Une bande dessinée de 64 pages qui demande, en outre, beaucoup de temps pour la lire, et cela, n'est pas banal par les temps qui courent.

Mezzo et Pirus signent là , une nouvelle fois, un petit bijou

Hervé28 - Chartres - 54 ans - 14 janvier 2012


Suite et fin du trip acidulé 10 étoiles

"L'origine du monde" s'inscrit dans les traces du premier tome : délirant, psychédélique, révélant le parcours sinueux de l'adolescence. Cette fois-ci, cependant, on passe un cap, les tranches de vies se font à la fois plus précises et le délire qui les accompagne plus métaphysique. Un vrai délice ! Un vrai trip sans substances prohibées !

Oguz77 - - 46 ans - 11 décembre 2009