Memoranda
de Jeffrey Ford

critiqué par CC.RIDER, le 20 mai 2009
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Le côté obscur de la force
Cley, l’ancien physiognomiste enfin libéré de la tutelle du despotique Drachton Below, est devenu le médecin herboriste de la paisible communauté rurale de Weinau. Mais voilà que toute la population, intoxiquée par un nuage de gaz envoyé par une des créatures maléfiques du Maître, sombre dans un sommeil sans fin dont Cley n’arrive pas à l’extraire. Pour trouver un remède, il lui faut retourner dans les ruines de la Cité impeccable. Il y découvre que Below, censé être l’unique détenteur de l’antidote, est lui-même à l’agonie. Cley rencontre Misrix, le fils adoptif de Below, mi démon mi-humain et se retrouve prisonnier d’un palace labyrinthique puis d’une île qui s’effrite au-dessus d’un océan de mercure. Il a pénétré les tréfonds les plus secrets de l’âme tourmentée de l’autocrate dément. Arrivera-t-il à s’enfuir avec Anotine, son nouvel amour virtuel ? Pourra-t-il ramener l’antidote à ses amis de Weinau ?
Ce second opus de la trilogie est assez différent du premier. Le lecteur a l’impression d’être passé sur un second plan de cette histoire fantasmatique, onirique et déjantée. Tout devient plus poétique et psychanalytique qu’orwellien ou kafkaïen. Un discours plus intime et moins politique, plus axé sur la fatalité et la rédemption. Jeffrey Ford, par le biais des dédales de la mémoire et du temps, nous entraîne aux confins de la folie, de l’étrange, du bizarre et de l’absurde. On découvre que le monstre a des raisons de l’être et que les mondes parcourus sont différents de l’idée que l’on s’en faisait. L’homme est toujours cette petite chose fragile, ballotée, trompée, manipulée et en quête d’un bonheur inaccessible. Ou artificiel. Les hallucinations et la drogue restent la toile de fond omniprésente de l’œuvre. Le personnage de Misrix, introduit dans ce deuxième tome, entraine l’histoire vers l’essence du mal, le satanisme, le « côté obscur de la force », « l’Au-delà ». Décidément cette saga continue de nous surprendre et de nous tenir en haleine. Les amateurs de fantastique, d’étrange et de poésie dévoreront ce livre. Les cartésiens et rationalistes feront un détour !