Fragmentation d'un lieu commun
de Jane Sautière

critiqué par Henri Cachia, le 18 mai 2009
(LILLE - 62 ans)


La note:  étoiles
Evoquer la prison
L'auteur est éducatrice pénitentière et a ouvert le premier titre de la collection "minimales" aux éditions Verticales, dirigée par Yves Pagès. La consigne aux auteurs étant de ne pas se soucier de la forme.
Jane Sautière évoque donc la prison par cent textes numérotés, paragraphes, entretiens, avec les détenus, bien sûr, les avocats, les surveillants, les familles, les animateurs, ainsi que ses collègues.
Elle tente de le faire le plus justement, sans fausse pudeur, ni pathos. Et il y aurait de quoi! Elle vouvoie tout le monde. Sans doute par respect. Et peut-être pour mettre tout le monde sur le même pied d'égalité quant à ce qu'elle veut révéler. Cela m'a parfois un peu gêné...

Un livre très utile et très humain, pour ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans une prison...

"38. Un jour, lors d'une grande réunion de travail sur l'hébergement, je demande pourquoi les foyers ne sont pas mixtes. Le scandale est total.
Je le sais que vous avez un sexe. Parce que vous n'en parlez jamais. Parce qu'il y a tout cet alcool pour le noyer, le dissoudre. Par ce que nous non plus n'en parlons jamais.
S'occuper des "SDF", c'est s'occuper du besoin, c'est leur remplir le ventre. Pas s'occuper de leur bas-ventre. Pas les imaginer avec cet organe sensible, érectile, du côté du désir." ...