Moine des Cités : De Wall Street aux Quartiers-Nord de Marseille de Henry Quinson

Moine des Cités : De Wall Street aux Quartiers-Nord de Marseille de Henry Quinson

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Pascale Ew., le 15 mai 2009 (Inscrite le 8 septembre 2006, 56 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 049ème position).
Visites : 3 641 

Rapport d'une mission

Henry Quinson nous raconte son extraordinaire conversion de trader à Wall street à moine dans un HLM de Marseilles. Son aventure et sa mission sont passionnantes, son témoignage est admirable, malheureusement son style littéraire n’a rien de passionnant. Autant j’admire l’homme et ce qu’il accomplit, autant son style est ennuyeux, fastidieux, sec. On dirait qu’il fait un rapport ou un compte-rendu détaillé, presque minuté. Plus de la moitié du livre est consacrée à son cheminement et à ses interrogations qui l’ont conduit à fonder un monastère dans une cité de Marseille. Le lecteur a droit à tous les détails, personnes rencontrées, pensées, dates, dans un flot continu et saccadé. Le ton est monocorde. La deuxième partie est plus intéressante, mais une fois encore, l’auteur ne s’attarde sur rien ; des personnes et des événements sont évoqués en trois lignes, sans que le lecteur ait l’occasion de s’y attacher, sans description, presque sans sentiment. Dommage ! A lire donc pour le contenu plus que pour la forme.

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Un témoignage émouvant et surprenant

7 étoiles

Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 4 juin 2011

Un matin d'octobre 1989, Henry Quinson, un jeune trader franco-américain touché par la grâce, décide de quitter sa vie cossue et trépidante pour entrer à la Trappe de Tamié. Pour mieux répondre à l'appel du Christ, il choisit la vie austère des Trappistes avec les sept offices, la cellule inhospitalière et le travail à la fromagerie. Au bout de sept années d'observation puis de noviciat, il quitte Tamié très fatigué car il manque de sommeil. Après une longue recherche d'ordres correspondant mieux à son optique, il fonde sa propre Fraternité avec un autre moine et s'installe dans un appartement des quartiers nord de Marseille où il témoigne de sa foi en aidant les enfants à faire leurs devoirs d'école et en rendant toutes sortes de services à la population.
Un témoignage émouvant et surprenant sur un parcours on ne peut plus atypique. Aux yeux du monde, c'est folie que de quitter un emploi rémunérateur et gratifiant pour aller partager la vie des humbles et des exclus. « Je reviens à mes aspirations essentielles, dit-il : « Travail à mi-temps, soutien scolaire, catéchèse et prière. » Henry se considère comme un moine du XXIème siècle, ancré dans la réalité, non caché au fond d'un monastère. Il propose d'ailleurs en annexe « Les douze colonnes du nouveau monachisme ». Un livre intéressant qui propose une belle leçon de vie et de fraternité. Pour lui, les religions bien comprises se doivent de rapprocher les êtres et de jeter les bases d'une fraternité universelle. Malheureusement, tous les évènements du monde (assassinat des moines de Tibhirine, attentats divers, détournement de l'avion sur Marseille et attaques du 11 septembre) ne vont guère dans ce sens. On regrettera surtout le peu d'anecdotes illustrant la réalité de la vie de tous les jours dans les quartiers.

Dense, subtil, émouvant et profond

10 étoiles

Critique de Man (, Inscrit le 17 mai 2009, 74 ans) - 17 mai 2009

Le style d’Henry Quinson, aussi sobre qu’intense, me fait penser aux propos de Frère Didier de Tamié sur la simplicité de l’art floral : ‘Une fleur suffit, car l’essentiel est au-delà. Quelle puissance d’expression, quand on peut dire le plus avec le moins !’ Ce style est le fruit d’une vie dépouillée qui a chassé le ‘gras’ pour ne conserver que l’essentiel, le mot bien choisi, le mot juste, au lieu d’une douzaine de mots médiocres. D’une certaine manière, ce style est plutôt anglo-saxon. Il refuse les développements cérébraux à n’en plus finir de bien des intellectuels français (sans parler des homélies interminables des ecclésiastiques). Pourtant, Henry Quinson parvient à marier l’art de la nuance et de la subtilité conceptuelle française avec le goût des anglo-saxons pour la clarté et l’efficacité. ‘Moine des cités’ est donc d’une lecture extraordinairement agréable, à la fois dense, subtil, émouvant et profond. Ses chapitres courts, où rien n’est laissé au hasard, sont articulés avec tant de finesse et de cohérence, qu’ils se lisent autant comme de la poésie que comme de la prose. Disons les choses comme elles sont : ce récit est si bien écrit qu’il donne envie de le relire encore et encore. G. B. Shaw donnait ce conseil aux écrivains en herbe: ‘Montrez, ne discourez pas !’ Henry Quinson s’inscrit dans cette tradition qui se garde du verbiage moralisant et abonde en faits de vie stimulants. Pas de grands discours sur la charité, l’hospitalité, la fraternité, le dialogue interreligieux, etc.. Non ! Des exemples de la vie ordinaire: rencontres, dialogues, situations concrètes. Et là encore, une très belle plume pour exprimer le caractère épiphanique de ces événements qui révèlent l’indicible. Henry Quinson livre son cheminement par le choix des détails significatifs. Il parvient de la sorte à faire entrer le lecteur dans son intimité et sa vulnérabilité. Madeleine Delbrêl avait cette même allergie à la vie toute tracée d’avance, qui n’est qu’une illusion spirituelle : ‘La route se découvre au fur et a mesure…’ et ‘La route se découvre toujours à travers l’imprévisible.’ Le récit d’Henry Quinson démontre clairement que nous devons accepter de renoncer à la vie que nous avions prévue pour nous ouvrir à la vie qui nous ouvre les bras ! Ceci requiert une démarche sérieuse mais Henry Quinson n’abandonne jamais son merveilleux sens de l’humour : son livre fourmille d’anecdotes amusantes jusqu’à l’autodérision (qui dénote une vraie humilité). Les trois derniers chapitres sont d’une profondeur éloquente. Au terme de son aventure, Henry Quinson s’est affranchi de toutes les dualités illusoires : le lecteur sent qu’il n’y a plus d’opposition entre la métamorphose du dedans et du dehors. La vision est devenue aussi pénétrante, inclusive et panoramique que celle d’un alpiniste parvenu au sommet. Ce sommet ressemble au Tabor de la Transfiguration.

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