Le dernier homme de Margaret Atwood

Le dernier homme de Margaret Atwood
( Oryx and Crake)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Pendragon, le 6 mai 2009 (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 53 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 864ème position).
Visites : 6 881 

Triptyque relationnel

L’histoire débute sur Snowman qui est le dernier survivant d’une épidémie qui a ravagé la terre, il dort dans un arbre pour se protéger des animaux sauvages, il cherche sa nourriture la journée… et veille sur les « Crakers ». Les Crakers sont des humanoïdes, sans conteste, ils ont toutes les nuances de couleur de peau que nous connaissons, mais ils ont tous les yeux verts. Ils mangent et boivent, mais uniquement des herbes et des plantes. Ils se reproduisent et meurent, mais uniquement selon un cycle préétabli. Ils n’ont pas de croyance, pas de vice, pas d’envie, pas de jalousie, … ils vivent et sont heureux ! Mais qui sont-ils donc ?

Flash-back.

Snowman s’appelle alors Jimmy, le monde est divisé en deux catégories d’individus, la plèbe qui vit dans la plèbezone et les « cerveaux » qui vivent dans des compounds, sorte de cité fortifiée qui permet un vase clos parfait. Les cerveaux inventent moult choses, depuis les poulets de 500 kg mais qui ne sont que du blanc jusqu’au T-Shirt écran total. Les parents de Jimmy sont chercheurs, mais sa mère vient de démissionner et elle ne tardera pas à « s’enfuir ».
On sent un début de malaise dans ce monde aseptisé, on sent comme un hiatus qui aurait été mal pris, une divergence légère que le temps se chargera d’éloigner de manière drastique du but premier.
Jimmy n’a pas hérité du « cerveau » de ses parents, lui, ce sont les mots qui l’intéressent. Par contre, son ami Crake, lui, est un génie absolu. Totalement asocial (comme de juste), il représente l’intellect ultime de cette société en déclin.
Et Jimmy et Crake de passer leur adolescence ensemble, devant les jeux vidéos, devant le net, devant les news, devant toute forme de pornographie… Un jour, sur un de ces sites, Jimmy va croiser le regard d’Oryx, enfant-objet, son image l’accompagnera des années durant… jusqu’au jour où Crake devenu leader adulé d’un groupe de recherche la retrouve et en fait sa compagne.
Oryx représente toute la pureté du monde, elle est aussi pure que sa vie est impure, c’est une déesse réincarnée, c’est une icône au même titre que Crake… mais d’une autre façon. Oryx aime Crake, mais aussi Jimmy, Oryx se partage car cela est bon et Jimmy n’aime qu’elle, mais il n’a qu’un ami, Crake. Crake, qui est sans doute au courant, mais que lui importe…
Crake a un projet. Il a compris depuis longtemps ce qui motivait les humains et ce qui fait qu’ils courent à leur perte. Il veut les sauver, mais un peu comme un ordinateur pourrait analyser des données et les traiter, jusqu’à la « seule » solution… Il est froid, son intelligence de glace ne laissant pas de place pour grand chose d’autre…

Jimmy aurait dû se douter plus tôt de ses desseins…

Cette histoire est un savant mélange de conte, d’utopie, de fable, de satire, de réflexion philosophique en même temps qu’un roman habile et bien conçu. Les chapitres sont relativement courts et oscillent entre le moment présent, où Snowman survit, et ses réminiscences où il tente de nous expliquer comment les choses en sont arrivées là. Ce n’est pas tant un roman post-apocalyptique qu’un roman sur une certaine forme de jeunesse désabusée, sur une forme de travers, sur un futur terriblement angoissant car terriblement réaliste.
Les personnages sont magnifiques car magnifiés, ils sont plus qu’eux-mêmes, ils sont une parfaite représentation d’un état de fait, d’un état de grâce, ils sont allégoriques… dans le sens noble du terme !
Le chapitrage court rend la lecture aisée, l’écriture d’Atwood est simple et directe, mais cela n’enlève rien à la réflexion qui se cache derrière, cela n’enlève rien à la magie dont Oryx est enveloppée, cela n’ôte rien à Jimmy et à son amour de la vie, cela ne supprime certes pas, la rigueur imparable de Crake…
Une lecture à plusieurs niveaux est possible, celle, basique, d’un roman post-apocalyptique où les excès de savants fous nous ont conduits à notre perte ; celle, généraliste, d’une réflexion philosophique sur un mode de vie et celle, en filigrane, d’une histoire de relation humaine… ou d’autres qui vous conviendraient…

Excellent surprise que ce roman qui trouvera sans aucun doute sa place dans mon top 10 !

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

  MaddAddam

Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Les Crakers ne sont pas des gâteaux apéritifs

7 étoiles

Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 49 ans) - 27 avril 2020

Quoi de mieux qu'un roman d'anticipation dystopique en ces temps de confinement ?
pourquoi celui-ci et pas un autre, parmi tant d'autres ?
D'une part, il est écrit par une femme, ce qui reste plutôt rare pour ce type d'ouvrage post-apocalyptique, et puis pas par n'importe laquelle : Margaret Atwood, rendue célèbre pour la servante écarlate (Merci au magazine America pour son portait dans son dernier numéro).

Ce roman se lit vite et bien. Le style reste simple et fluide.
Il permet d'aborder des questions d'ordre sociale. La société est hautement inégalitaire, avec des riches vivant sous protection militaire derrières de hauts murs et des barbelés, le reste de la population restant parquée dans des zones péri-urbaines dangereuses et délaissées par les autorités.
De grandes multinationales sont à la manœuvre pour transformer le monde, en faveur des plus aisés bien évidemment. L'un des secteurs qui fonctionnent le mieux, avec celui de la sécurité, travaille sur la manipulation génétique dans le but de créer l'Homme parfait.

Le livre débute avec Snowman, un surnom que se donne lui-même le personnage principal. Il semble être l'unique survivant d'un cataclysme sanitaire et environnemental. Il se cache la nuit dans les arbres pour échapper à des bestioles prêtes à le dévorer si l'occasion leur en était donnée.
L'histoire balance entre la survie de Snowman dans son environnement hostile et Jimmy, son "moi" plus jeune, d'avant l'apocalypse. Les deux prennent la parole tour à tour, permettant de comprendre au fur et à mesure des chapitres comment Jimmy est devenu Snowman, comment ce monde s'est effondré.

J'ai bien aimé cette trame narrative, dont le rythme s’accélère progressivement à mesure que le dénouement approche. Les 2 autres personnages majeurs du roman que sont Crake et Oryx donnent au scénario sa profondeur et sa complexité. La relation intime de Jimmy et Crake, à la base deux ados et meilleurs amis, va sceller le destin du monde et le rôle de Snowman comme témoin de l'effondrement et survivant de l'humanité.

Cependant, ce roman ne restera pas parmi mes préférés. En effet, le style trop simple de l'écriture ne retient pas l'attention. le livre se lit un peu comme un "roman de gare".
Même si les personnages sont attachants, l'histoire ne parvient pas à se démarquer des nombreux ouvrages du même genre. Il reste dans le ventre mou des bons romans d'anticipation. Par ailleurs, je n'ai pas apprécié la fin du livre (mais ce n'est pas le plus important).

Pour conclure : un bon passe temps si vous aimez le genre, mais pas forcément inoubliable

Forums: Le dernier homme

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Le dernier homme".