La petite marionnette
de Gabrielle Vincent

critiqué par Shelton, le 4 mai 2009
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Quelle histoire !!!
Gabrielle Vincent est une illustratrice, une auteure à part entière dont l’œuvre a fait le tour, sinon du monde, au moins de toutes les librairies françaises, des bibliothèques, des centres de documentations de collège… Aujourd’hui, alors qu’elle est allée, depuis quelques années, rejoindre le monde des réparateurs de peluches, des consolateurs d’enfants, des enchanteurs de toute nature, les éditions Casterman nous offrent la possibilité de (re)découvrir ce petit opus de 1992. Belle occasion de prendre conscience de la qualité des narrations de Gabrielle Vincent.
Il s’agit d’une histoire sans texte, sans couleur, sans encrage… On a l’impression d’un récit brut, pur, épuré… Quelques traits de crayons et d’un seul coup des personnages naissent et vivent devant nous, avec nous…
C’est l’histoire d’un enfant, un enfant qui va découvrir une marionnette et un homme qui lui donne vie. Mais quand on donne vie à un objet, il devient vivant, donc autonome, indépendant, libre… Quand un enfant rencontre un tel petit être, il s’y attache, il veut s’en faire un ami, un compagnon de jeu, un frère…
L’artiste marionnettiste peut-il se séparer de cet autre lui-même sans mourir et disparaître ? Un enfant peut-il comprendre cette délicate filiation entre l’homme et sa marionnette, prolongement de lui ? Le vieil homme et l’enfant peuvent-ils se construire un avenir ensemble ?
Gabrielle Vincent donne toutes les réponses mais chaque lecteur y mettra les siennes car le dessin offre de nombreuses possibilités d’interprétation ce qui fait la grande richesse de cet ouvrage qui dégage une force de récit incroyable ce qui démontre que dans le livre illustré le dessin peut raconter autant si ce n’est plus qu’un texte…
Mais alors se pose une grande question : à qui est destiné ce livre ? Aux enfants ? A leurs parents ? En fait, j’ai l’impression que c’était bien là le dernier des soucis de Gabrielle Vincent qui racontait les histoires qu’elle avait en elle. Chaque lecteur pourra, devra, se réapproprier ce destin humain ! N’est-ce pas un bel exemple de littérature au sens propre du mot : parler à l’homme (l’homo, pas le vir), lui donner les possibilités de pénétrer une vie, de rencontrer son destin à travers une histoire imaginaire mais pétrie d’humanité ?…
Suis-je un marionnettiste ? Un enfant émerveillé ? Un pantin ballotté par le vent dans les mains d’un destin inconnu ? Probablement un peu de tout cela ce qui fait que je n’ai eu aucune difficulté à entrer dans cette histoire que je ne peux que recommander à tous !
Une petite merveille, un bijou à partager entre amis, à offrir à ceux que l’on aime !